Culture d'info. Robert Guédiguian : "L'apogée de la faillite de la gauche c'est qu'elle ne se nomme plus gauche".
"Culture d'info", c'est un nouveau rendez-vous du dimanche sur franceinfo.
Chaque semaine, Thierry Fiorile reçoit une personnalité de la culture ou du monde des idées, qui vient commenter l'actualité. Aujourd'hui : le cinéaste Robert Guédiguian.
Le réalisateur Robert Guédiguian, en compétition à la Mostra de Venise avec Gloria Mundi évoque l'état de la gauche française, les élections municipales à Marseille et la politique culturelle du président Macron.
La gauche
En 1980 le philosophe André Gorz dans un livre devenu un classique, faisait ses Adieux au prolétariat. Robert Guédiguian, ne s'y résout pas, la classe ouvrière n'est plus ce qu'elle était, mais il continue de la chroniquer de film en film depuis près de 40 ans.
Dans son théâtre à ciel ouvert qu'est sa Marseille populaire, il plante une nouvelle fois le décor d'une dramatique où, il faut bien le dire, l'espoir a peu de place. Dans Gloria Mundi, les enfants d'ouvriers se comportent comme de petits capitalistes âpres au gain.
"Le discours général du capitalisme avec en particulier cette hypertrophie de l'individualisme a définitivement gagné, dit Robert Guédiguian. Je crois qu'il est tenu et soutenu par les plus pauvres qui se disent, à la place des riches, je ferais la même chose". En cette rentrée, l'éternel combattant n'est pas très optimiste : "Macron est un ennemi redoutablement intelligent et le comble de la faillite des idées de gauche, c'est que la gauche ne se nomme plus gauche, comme si elle avait honte de cette appellation".
La bataille de Marseille
Mais Robert Guédiguian est persuadé qu'il retrouvera vite l'optimisme, notamment pour sa ville. En juin, il a signé un appel à l'union de toutes les forces de gauche et de celles issues des mouvements sociaux et de la vie associative pour gagner les prochaines élections municipales :
"Comme à Barcelone où Ada Colau a gagné les élections après la terrible crise financière, il faut faire émerger une personnalité capable de rassembler à gauche. J'espère qu'il n'y aura pas la moindre querelle sur la tête de liste".
Faisant le constat que l'abandon par la municipalité Gaudin depuis 1995 des quartiers populaires et la permanence du clientélisme empêchent Marseille d'être la grande ville multi-culturelle qu'elle pourrait être, Robert Guédiguian veut encore y croire.
Macron et la culture
C'est avec un bel éclat de rire que Robert Guédiguian commente l'information qui a secoué le petit monde du cinéma cet été, la nomination par le président de la République à la tête du CNC (centre national du cinéma) de Dominique Boutonnat, un producteur proche d'Emmanuel Macron :
"Déjà il n'est pas producteur, c'est une blague ! Je le connais très bien, c'est un banquier du cinéma en fait !" s'amuse Robert Guédiguian. Mais peu importe la personne : "Ne me dites pas qui va faire ça, dites moi quel est son budget".
L'inquiétude du milieu vient des prises de position de Dominique Boutonnat sur la rentabilité des films et leur financement, or "le privé ne s'intéresse qu'à ce qui marche et parfois la culture ça ne marche pas, ce n'est pas sa fonction. Mes cinq premiers films sont des échecs graves, après ça a commencé à marcher et depuis le septième ça va bien, donc il a bien fallu que j'en fasse cinq avant". Les films en question sont les moins connus, ça ne veut pas dire qu'ils sont mauvais, bien au contraire !
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