Chute de Bachar al-Assad : dans le "réduit alaouite", des partisans de l'ancien régime refusent de baisser les armes

Depuis deux jours les nouvelles autorités syriennes multiplient les opérations contre les hommes du clan Assad, d’intenses combats sont en cours, vendredi autour de Tell Kalakh et al Quba.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des combattants affiliés à la nouvelle administration syrienne arrêtent des voitures à un poste de contrôle après avoir fermé une route menant au quartier à majorité alaouite de Mazzeh, dans l'ouest de Damas, le 26 décembre 2024 (pjoto d'illustration). (ANWAR AMRO / AFP)

Ceux qui ne se sont pas enfuis au Liban se sont repliés avec du matériel militaire dans leurs villages d’origine, au cœur des montagnes de Lattaquié et sur une bande littorale de plus de 100 kilomètres, dans ce qu’on appelle le "réduit alaouite".


D’intenses combats sont en cours, vendredi 27 décembre au matin, autour de Tell Kalakh et al Quba. Si ces groupes loyalistes préfèrent se battre plutôt que de se rendre, c’est parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. Entre une balle dans la tête tirée par un rebelle épris de vengeance ou la perspective d’être condamné à de longues années de prison, ils n’ont plus beaucoup d’options.

Les forces pro-Assad ne sont, d'ailleurs, pas soutenues par les civils alaouites. Appauvris et épuisés par la guerre, ces derniers demandent aux nouveaux dirigeants du pays de les protéger des exactions des Sunnites. À Damas aussi, les habitants du quartier alaouite craignent d’être pris pour cible au nom de la lutte légitime contre les anciens soutiens du régime. Le paramètre religieux est également à prendre en compte, car aux yeux des salafistes, les Alaouites sont des hérétiques et ces derniers doivent donc être punis pour avoir dévoyé l’islam.

Le chef de la justice militaire sous Bachar al-Assad arrêté

La priorité du groupe islamiste HTS est de sortir de la liste des organisations terroristes, notamment aux États-Unis. C’est la seule façon, pour les nouveaux dirigeants, d’obtenir le soutien financier des pays du Golfe et de faire tourner le pays. Pour cela, ils doivent apporter de la stabilité dans le pays.

Le général Mohamed Kanjo Hassan a été arrêté, jeudi 26 décembre, près de Tartous, avec 20 membres de sa garde rapprochée. Pendant dix ans, ce haut gradé de l'ancien régime a envoyé à la mort des milliers prisonniers dans la prison de Saydnaya avec des procès qui ne duraient parfois que quelques minutes. C'est, en outre, sous sa direction que des mineurs de 13 ou 14 ans ont été maintenus en détention jusqu’à leur majorité pour être ensuite condamnés à la pendaison.

Vue aérienne montre la prison de Saydnaya, dans la ville de Saydnaya, à environ 28 kilomètres au nord de Damas, le 16 décembre 2024. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, plus de 100 000 personnes sont mortes dans les prisons et centres de détention syriens depuis 2011. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Son poste lui a aussi permis de s’enrichir. À force de réclamer des pots-de-vin astronomiques aux familles en échange d’informations, le général Mohamed Kanjo Hassan aurait accumulé, selon l'Association des détenus et disparus de Saydnaya, 150 millions de dollars. Les Syriens nourrissent, désormais, l’espoir de le voir traduit en justice.

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