Guerre en Ukraine : comment expliquer le changement de stratégie de Washington sur l'utilisation des missiles longue portée ?
La décision n'a pas encore fait l'objet d'annonce officielle de la Maison-Blanche lundi 18 novembre, mais elle est dévoilée par plusieurs hauts responsables américains. À la veille du 1000e jour depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, et à deux mois de l'investiture de Donald Trump, Washington a décidé d'autoriser l'armée ukrainienne d'utiliser ses missiles longue portée pour frapper des cibles en territoire russe.
Un revirement stratégique majeur, que Volodymyr Zelensky réclamait depuis des mois, et qui était l'objet d'un désaccord central avec Joe Biden. Le président ukrainien s'estimait empêché par les États-Unis, qui lui livraient des armes qu'il ne pouvait pas utiliser au-delà du territoire de son pays. La Maison-Blanche avançait de son côté le risque d'une escalade du conflit. Une ligne rouge qui vole en éclat avec ce changement de cap. Kiev serait donc autorisé à viser des cibles en territoire russe, grâce à des missiles à longue portée de type ATACMS, capables d'atteindre des cibles à plus de 300km.
Un contexte qui a changé
Pour comprendre la décision américaine, il faut observer les changements des dernières semaines. La victoire de Donald Trump d'abord, élément évident de ce retournement stratégique. Donald Trump qui pour rappel a promis pendant sa campagne de régler la situation en Ukraine "en 24 heures" (sans jamais expliquer comment...) et dont le fils, Don Jr, s'est emporté contre une décision qui "prive [son] père de la chance d'instaurer la paix".
La crainte de Joe Biden comme de Volodymyr Zelensky, c'est que Donald Trump impose une solution négociée en menaçant de couper le robinet de l'aide militaire et financière, ce qui se traduirait à l'heure actuelle pour Kiev par d'inacceptables pertes territoriales.
Avec ce changement de cap, Joe Biden offre à Kiev la possibilité d'aborder le début de la présidence Trump dans une position plus favorable en cas de négociations., ce qui concerne tout particulièrement la région de Koursk en Russie. Une région occupée par l'armée ukrainienne depuis le début du mois d'août, mais où la Russie mène une vaste contre-offensive, appuyée par le soutien de troupes nord-coréennes, avec un contingent estimé à 10 000 soldats. Tout en constituant une menace inédite, l'irruption de la Corée du Nord dans la guerre a ruiné les efforts de Washington pour éviter une extension du conflit.
Enfin, Joe Biden met d'une certaine manière Donald Trump au pied du mur, en lui imposant de montrer son jeu sur le dossier ukrainien. Car le président élu n'aura d'autres choix, en s'installant dans le bureau ovale, que de prolonger l'effort de guerre, ou d'afficher au grand jour une forme d'alignement sur la position de Moscou.
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