Mort d'Alberto Fujimori : l'héritage politique controversé de l'ancien président péruvien

Il a dirigé le Pérou d'une main de fer entre 1990 et 2000. Alberto Fujimori est mort mercredi à l'âge de 86 ans, quelques mois après sa libération de prison où il purgeait une peine de 25 ans de réclusion pour corruption et violations des droits humains.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'ancien président péruvien Alberto Fujimori salue les journalistes à son domicile de Santiago, le 19 mai 2006. (MARTIN BERNETTI / AFP)

L'ancien président Alberto Fujimori est un personnage marquant du continent sud-américain, qui divise encore les Péruviens. Il est mort à l'âge de 86 ans mercredi 11 septembre, quelques mois seulement après avoir retrouvé la liberté. Libéré en décembre "pour raisons humanitaires", il a passé 16 ans dans une prison dans l'est de Lima, où il purgeait une peine de 25 ans pour crimes contre l'humanité. Il s'agissait notamment de deux massacres de civils commis au début des années 1990, par un escadron de l'armée, dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste. Sa sortie de prison avait ulcéré les familles de victimes, autant qu'elle avait réjoui ses partisans, nostalgiques de cet homme qui a dirigé le Pérou entre 1990 et 2000. Ultime contraste d'un personnage controversé, à l'improbable destin.

Un candidat sorti de nulle part

Alberto Fujimori, modeste ingénieur agronome et fils d'immigrés japonais, accède au pouvoir en 1990, presque sorti de nulle part, en remportant la présidentielle contre Mario Vargas Llosa, devenu prix Nobel de littérature en 2010. À peine investi, le candidat qui se présentait comme celui des pauvres et des exclus impose une sévère cure d'austérité et privatise à tout va. Cette méthode restera pour certains le plan qui a permis de redresser un pays à l'agonie.

Alberto Fujimori bascule aussi très vite dans un pouvoir autoritaire voir dictatorial. Le Pérou en termine d'ailleurs avec le terrorisme et les guérillas d'extrême gauche, mais ce sera au prix d'assassinats ciblés et des opérations de l'armée qu'il a commanditées, comme la tuerie de Cantuta où neuf étudiants et leur professeur d'université sont assassinés en 1992.

Fuite au Japon

Ces exactions lui vaudront une condamnation pour crimes contre l'humanité par la justice de son pays, ce qui est plutôt rare. Il est condamné en 2009, presque 10 ans après sa fuite rocambolesque au Japon. Cerné par des accusations de corruption, il profite d'un voyage présidentiel pour s'exiler et envoie sa démission par fax !

Exilé, condamné, emprisonné, ce président restera influent, et c'est sur son simple nom et sur son héritage politique controversé que sa fille frôlera la présidence quelques années plus tard. Un ancien président sulfureux qu'une autre affaire poursuivait : un scandale de stérilisations forcées dans le cadre d'un vaste plan de baisse de la natalité. On parle ici de centaines de milliers de femmes concernées, la plupart dans les communautés pauvres des Andes. L'affaire n'a jamais été jugée.

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