Paralympiques 2024 : la singulière histoire de l'Ukraine

Alors que la guerre fait des milliers de blessés en Ukraine, le pays brille aux Jeux paralympiques de Paris, comme aux précédentes éditions. Une réussite liée à l'histoire de ce jeune pays, mais aussi à la tragédie de Tchernobyl.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La délégation ukrainienne lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de Paris 2024, place de la Concorde à Paris, le 28 août 2024. (FRANCK FIFE / AFP)

Une des images fortes de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024, qui ont débuté le 28 août, est cette imposante délégation ukrainienne, aussi importante que celle des valides quelques semaines plus tôt, et ovationnée lors de son passage devant la tribune présidentielle.

Une présence massive que l'on pourrait associer à la guerre en cours dans le pays, et à la cohorte de mutilés provoquée par les combats et les bombardements suite à l'invasion russe de février 2022, mais ce raccourci est un peu trompeur si l'on veut bien admettre qu'il est difficile, voire impossible, de devenir un athlète de haut niveau en seulement deux ans. La réussite de l'Ukraine lors des compétitions paralympiques trouve en réalité des origines plus lointaines.

Les radiés de Tchernobyl

Comme à chaque édition depuis les Jeux d'Athènes, le pays flirte avec le top 5 au classement des médailles, ce qui est une performance notable pour un jeune pays de moins de 40 millions d'habitants. L'Ukraine affiche fièrement ses couleurs dans toutes les disciplines, et fait résonner son hymne sur les podiums, parfois au nez et à la barbe d'athlètes russes participant sous bannière neutre.

Pour comprendre la réussite ukrainienne, il faut prendre en compte deux éléments historiques majeurs : la catastrophe de Tchernobyl en 1986 et le tournant qui a suivi la fin de l'URSS. Les radiations provenant du drame nucléaire ont laissé derrière elles toute une génération de victimes de handicap ou de malformations. En témoigne la star Oksana Masters, victime de Tchernobyl avant d'être abandonnée, et qui est devenue une icône paralympique sous les couleurs américaines en brillant hiver comme été.

Un homme à l'origine du solide réseau de parasport

La rupture avec l'URSS a aussi marqué un tournant, car l'inclusion était presque inexistante en Union soviétique. L'URSS a d'ailleurs rechigné à présenter une équipe aux Jeux paralympiques jusqu'en 1988. "La propagande dépeignait une société heureuse et sans problème : la place des handicapés était dans leur appartement. La discrimination était partout", raconte à franceinfo celui qui a fondé le comité paralympique ukrainien, Valeriy Sushkevych. Atteint de poliomyélite quand il était enfant mais poussé vers le sport par son père, il est devenu après l'indépendance un véritable bâtisseur pour le parasport ukrainien. Il a créé un réseau de centres spécialisés dans chaque région du pays, en proposant aux jeunes en situation de handicap de s'essayer à différentes disciplines. Système qui portera ses fruits des années plus tard et dont sont issus nombre d'athlètes représentant l'Ukraine à Paris.

Ces structures servent aussi aujourd'hui de lieu d'accueil pour les victimes de la guerre, à qui ces para-athlètes prouvent qu'une deuxième vie est possible après les blessures ou les mutilations.

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