Pour lutter contre la surpopulation carcérale, le Royaume-Uni libère des délinquants
Confronté à une surpopulation carcérale record, le gouvernement britannique a pris les choses en main : la libération de délinquants. Il faut dire que, mi-septembre, avec quelque 88 521 prisonniers, c’est en effet un cap qui n’avait jamais été atteint au Royaume-Uni.
Si les prisons étaient déjà bondées avant l’été, il y a eu les émeutes d’extrême droite dans une vingtaine de villes, avec des dizaines d’interpellations, des comparutions immédiates et des peines de prison ferme. Résultat : la situation, déjà compliquée, est devenue intenable. D’où ces 1700 prisonniers libérés avant la fin de leur peine, cette semaine, avec des scènes... surprenantes.
On a pu voir des grappes de prisonniers, baluchon sur l’épaule, quittant l’établissement pénitentiaire où ils étaient jusqu’ici enfermés.
Certains affirment qu’ils reviendront vite en prison, d’autres plaisantent en disant qu’ils voteront travaillistes "toute leur vie", puisque c’est la couleur politique du gouvernement actuel. Précision importante : les personnes libérées étaient condamnées à moins de 5 ans de prison et avaient déjà purgé au moins 40% de leur peine.
Évidemment, cette décision crée des remous. D’abord auprès de ceux qui s’inquiètent d'une recrudescence de la délinquance. Les autorités assurent être bien conscientes du risque de récidive pour de nombreux désormais ex-prisonniers, mais le responsable national des prisons dit que "le gouvernement n’avait pas le choix". Inquiétude, aussi, pour ces délinquants dont certains n’ont aucune ressource et personne pour les accompagner. Ils risquent de finir à la rue.
Des tribunaux débordés
Se pose donc une question : comment le Royaume Uni se retrouve-t-il dans cette situation ? D’abord les peines sont plus longues. En dix ans, on estime qu’elles ont été rallongées de 25% environ. Ce qui signifie évidemment plus de prisonniers en même temps.
Les autorités prévoyaient la construction de 20 000 nouvelles places en prison. Annonce faite par les conservateurs en 2021, la majorité de l’époque. Sauf que 6 000 places seulement ont été construites. Les travaillistes, désormais au pouvoir, affirment vouloir continuer, mais sans fixer de calendrier.
Enfin, il y a l'engorgement des tribunaux. Faute de moyens, ils n’arrivent pas à traiter rapidement tous les dossiers et les détentions préventives sont plus fréquentes et surtout plus longues. Plus de 16 000 prisonniers attendaient leur procès en mars dernier. Un triste record.
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