Présidentielle américaine 2024 : avec la polarisation affective, de moins en moins de voix passent d’un parti à l'autre

Kamala Harris et Donald Trump incarnent un duel entre deux rivaux plus antagonistes que jamais. Aujourd'hui, les démocrates voient Donald Trump comme un fasciste, mais les républicains pensent la même chose de Kamala Harris.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
A gauche, Donald Trump candidat républicain à la présidentielle américaines, à droite Kamala Harris, candidate démocrate pour l'élection du 5 novembre. (ROBERTO SCHMIDT,DAVID BECKER / AFP)

Kamala Harris et Donald Trump s'affrontent pour devenir le 47e président des États-Unis. Mardi 5 novembre, 240 millions d’électeurs américains doivent s'exprimer dans les urnes et ces citoyens sont de plus en plus hostiles au camp adverse. On assiste, en l'espace de 20 ans, à un effondrement de l’opinion des électeurs vis-à-vis de ceux de l’autre parti. "Le problème n’est pas seulement qu’ils ne s’apprécient pas", résume le chercheur Mathieu Gallard, "c’est qu’ils se détestent de plus en plus."

Ce phénomène porte un nom en sciences politiques : la polarisation affective. Elle a commencé avant Donald Trump, qui a su parfaitement en jouer pour être élu en 2016, et qui exacerbe ces clivages dans sa pratique du pouvoir et de la politique. Aujourd'hui, les démocrates voient Donald Trump comme un fasciste, mais les républicains pensent la même chose de Kamala Harris. Du coup les blocs sont assez figés, avec de moins en moins de voix qui passent d’un parti à un autre : à peine 5% lors de la dernière présidentielle. C’est un phénomène qui est renforcé par le bipartisme.

Une élection en forme de duel

Dans ce duel entre deux rivaux plus antagonistes que jamais, c’est le feu et la glace entre Donald Trump et Kamala Harris. Au pays du Far West, il y a quelque chose du duel, sauce western spaghetti, de Sergio Leone "pour 4 ans de pouvoir en plus". D’un côté, l’héritier new-yorkais, businessman, star de télé bling-bling, qui brandit la virilité en étendard et mise sur son instinct et son flair. De l’autre, la fille d’immigrés de San Francisco, femme, métisse, qui a choisi une carrière de procureur pour lutter contre les inégalités de sa jeunesse. Un duel entre le revanchard et la justicière !

Donald Trump veut prendre sa revanche sur une défaite qu’il n’a jamais reconnue ni digérée il y a quatre ans, sur une classe politique qui l’a toujours dénigré, mais surtout Donald Trump incarne un parfum de revanche pour ses électeurs. La revanche d’une Amerique rurale qui se sent oubliée ou méprisée. La revanche d’une Amerique blanche, masculine, conservatrice, ou beaucoup voient en Trump un rempart.

Dans cette campagne sans nuances, Kamala Harris incarne en miroir le combat des femmes et des minorités, et celle dont le parcours de vie est guidé par la lutte contre l’injustice, cherche à persuader l’Amerique que son élection va dans le sens de l’histoire. Rien ne dit que le verdict suivra son réquisitoire. Et comme dans tout bon western, réponse quand la musique s’arrêtera.

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