Présidentielle américaine : le retour, les mains libres, de Donald Trump à la Maison-Blanche
"On ne peut pas prétendre à la confiance des électeurs et ne pas respecter leur choix, c’est ce qui distingue la démocratie de la tyrannie", a déclaré Kamala Harris, mercredi 6 novembre dans la soirée, après la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Dans cette première réaction de Kamala Harris, on comprend une allusion à peine voilée à ce qu’il s’était passé il y a quatre ans, jusqu’à l’assaut du Capitole.
Une formule assez forte de Kamala Harris, battue par un Donald Trump qui lui n’avait pas respecté ces règles du jeu en 2020, mais avec qui elle est convenue de "la nécessité d’unifier le pays". C’est ce qui est ressorti de l’échange téléphonique de mercredi entre les deux adversaires. C'est la même tonalité chez le président en exercice, Joe Biden, qui prendra la parole jeudi 7 novembre, et qui a appelé Donald Trump la veille pour le féliciter. On appelle ça "l’usage républicain", qui fait néanmoins partie des pratiques que Donald Trump a balayées d’un revers de main quand il était au pouvoir.
Le tsunami Trump a changé le paysage politique américain en l’espace de 10 ans...
Le 16 juin 2015, il y a presque 10 ans, Donald Trump descendait l’escalator de sa Trump Tower new-yorkaise pour annoncer sa candidature à la Maison-Blanche. Celui qui était connu comme un magnat de l’immobilier et un milliardaire excentrique et mégalo plongeait dans le grand bain politique qu’il aura transformé en bain à remous, tendance lessiveuse ou centrifugeuse, imposant sa présence et ses outrances à une classe politique prise au piège de la radicalité, du clivage permanent et de la confusion des faits, qui ont littéralement anéanti les schémas traditionnels de la politique américaine.
Le parti démocrate est en lambeaux après cette journée d’élections où il a aussi perdu la majorité au Sénat. Joe Biden se voulait un passeur de témoins entre générations, mais la gestion catastrophique de sa candidature finalement avortée participe de l’échec de sa vice-présidente. Des gouverneurs sont prêts à prendre la relève, mais le parti a été profondément désavoué sur l’économie ou la politique étrangère.
... Jusqu'au sein même du parti républicain
Si les républicains se frottent les mains, le parti n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était il y a huit ans, phagocyté par Donald Trump, qui a accéléré une bascule populiste et réactionnaire, à l’image du futur vice-président, JD Vance. Toutes les voix critiques ont été balayées, le parti s’est rangé derrière ses théories de "fraudes et de vol de l’élection" de 2020, que toutes les enquêtes ont pourtant écartées, et la plupart des élus lui sont redevables.
Donald Trump a les coudées franches, il va revenir à la Maison-Blanche entouré de fidèles dévoués, enivré par la victoire, et sans avoir à se soucier d’une réélection. Ce qui ne représente pas forcément les ingrédients d’une paix civile dans un État... désuni.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.