Processus d'adhésion à l'UE : manifestations, contestation... la Géorgie devient un symbole de la lutte d'influence entre la Russie et l'Europe

La Géorgie a connu, lundi, une cinquième soirée consécutive de manifestations de grande ampleur dans la capitale Tbilissi. Les manifestants dénoncent la décision du gouvernement de geler le processus d'adhésion à l'UE, jusqu'en 2028.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un manifestant tire des feux d'artifice en direction de la police lors de la cinquième nuit consécutive de manifestations contre le report par le gouvernement des négociations d'adhésion à l'UE jusqu'en 2028, dans le centre de Tbilissi, le 2 décembre 2024. (GIORGI ARJEVANIDZE / AFP)

La contestation s'installe en Géorgie, où des milliers de manifestants ont de nouveau investi les rues de la capitale Tbilissi, lundi 2 décembre. Une cinquième soirée de mobilisation de grande ampleur, et des manifestations qui s'étendent à d'autres villes, et notamment à Gori, ville natale de Staline, symbole du passé soviétique de ce petit pays devenu indépendant à la chute de l'URSS.

Une atmosphère de contestation qui agite le pays depuis le printemps, mais qui a repris en vigueur jeudi 28 novembre, quand le Premier ministre, issu du parti Rêve Géorgien, (sorti vainqueur d'élections contestées fin octobre) a annoncé le gel jusqu'en 2028 du processus d'adhésion à l'Union européenne. Une décision qui a provoqué la colère d'une partie de la population, et ces manifestations, de plus en plus durement réprimées. Depuis jeudi dernier, 224 interpellations ont eu lieu, des ONG dénoncent des violences et des agressions commises par des milices sur des manifestants, et la police use de gaz lacrymogène et de canons à eaux pour disperser une foule où fleurissent des drapeaux européens.

Le gouvernement géorgien très accommodant avec Moscou

Entre crise électorale et institutionnelle, le moment ressemble à un tournant dans ce pays pris en tenaille entre l'influence russe et l'attirance de la population pour l'Europe, avec une adhésion à l'UE plébiscitée par environ 80% de la population. Une réalité avec laquelle le gouvernement doit composer, même s'il adopte ces derniers mois une ligne de plus en plus accommodante avec Moscou, votant au printemps dernier une loi sur "l'influence étrangère", calquée sur une loi russe, pour mettre au pas la société civile. Son adoption avait conduit Bruxelles à geler les négociations sur une adhésion, alors que le pays avait obtenu le statut de "pays candidat" en décembre 2023.

Depuis, le gouvernement géorgien semble tout faire pour enrayer le rapprochement, même si le Premier ministre Irakli Kobakhidze s'en défend, et assure vouloir "déployer le maximum d'efforts dans le processus d'intégration européenne". Curieux argumentaire après avoir affirmé le contraire cinq jours plus tôt, et alors que l'objectif d'une intégration est inscrit dans la Constitution du pays.

"La porte de l'Europe reste ouverte" a dit la diplomatie allemande lundi 2 décembre, alors que les Pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) ont annoncé de premières sanctions contre des personnalités politiques géorgiennes.

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