Visite du pape en Asie et en Océanie : François achève le plus long voyage de son pontificat
Le voyage promettait d'être éprouvant. Avec une tournée de 12 jours et près de 33 000km, ponctuée de quatre étapes en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor Oriental et Singapour jusqu'au vendredi 13 septembre, le pape François a conclu un périple à travers l'Asie et l'Océanie au moment où sa santé lui impose de se déplacer en fauteuil roulant. Manière de déplacer des montagnes, pour lui, avec ce marathon, et au-delà, de déplacer le centre de gravité du monde vers son continent le plus peuplé, dans des territoires éloignés du prisme occidental, et sans doute trop souvent relégués au second plan.
Une tournée très attendue
L'accueil a été à la hauteur du défi, et donne à ce périple une dimension émouvante. Les images de liesse populaire qui ont accompagné son arrivée à Dili, capitale du Timor Oriental, ont marqué les esprits, plus de 600 000 personnes, soit près de la moitié de la population du pays , ont réservé au souverain pontife un traitement digne d'une rock star.
Si le pape arrivait en terrain conquis sur cette île ou 97% de la population est catholique, ce n'était pas le cas des autres destinations de son voyage, en particulier en Indonésie, premier pays musulman du monde par le nombre de ses croyants. Les catholiques n'y représentent que 3% de la population, et le pape a d'ailleurs plaidé pour le dialogue interreligieux lors de sa visite sur l'archipel. Quelque 3% c'est d'ailleurs l'estimation de la part de catholiques en Asie, bien loin des proportions des autres continents, africain ou américain notamment.
Un séjour suivi de près par Pékin
La Chine reste un dossier brûlant pour le Vatican, et son nombre plane sur ce voyage dans sa zone d'influence. Aucun pape n'y a posé le pied depuis la révolution et l'arrivée au pouvoir de Mao, les relations diplomatiques sont officiellement inexistantes depuis 1951. Pour le régime communiste, l'allégeance au pape est incompatible avec celle au parti, et il est inconcevable de laisser place à un culte autre que celui qui doit être voué au pouvoir de Pékin.
Plus d'un demi-siècle de traques et de répressions a abouti à la formation de deux tendances parmi les 10 millions de catholiques estimés dans l'empire du milieu : les "officiels", approuvés par le parti et dont la pratique est encadrée par le Bureau des affaires religieuses, et les "clandestins", plus nombreux, et contraints de dissimuler leur culte. Pour éviter une séparation irrémédiable, un accord a été scellé en 2018 entre le Vatican et Pékin, et prévoit que le gouvernement chinois et le pape nomment les évêques conjointement, privilège unique dans le paysage. Des signes d'apaisement et de rapprochement apparaissent, comme le montre le reportage du correspondant de Radio France en chine, La très symbolique reconnaissance de l’évêque "clandestin" de Tianjin par Pékin, mais les relations restent empreintes de méfiance, alors que le contrôle et la surveillance des croyants se sont encore renforcés depuis l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir.
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