Automobile : une poubelle noire devenue le symbole d’une grève historique aux États-Unis
Depuis mi-septembre les employés de trois constructeurs automobiles Ford Stellantis et GM aux États-Unis ont décidé de cesser le travail pour demander des augmentations de salaire. Et tout est parti d’une simple poubelle noire de bureau…lorsqu’un syndicaliste pendant une réunion en visioconférence envoie à la poubelle une liasse de papiers, en réalité la proposition annuelle d’augmentation des grands patrons du secteur. La vidéo fait le tour des réseaux sociaux et galvanise les ouvriers de Motor City, l’industrieuse ville de Détroit entraînée dans une grève massive, historique.
Depuis, 34 000 personnes ont cessé le travail. Une grève qui déstabilise aujourd’hui les sous-traitants mais aussi des entreprises étrangères, tandis que la poubelle noire est devenue un symbole de ce mouvement social inédit, représentée sur les tracts et les pancartes dans les manifestations qui continuent, malgré la nouvelle proposition d’augmentation de salaires de 20%. Les ouvriers en réclament 40%, soit le même niveau d’augmentation que les patrons des géants de l’automobile se sont accordés.
Shawn Fain, l’homme à la poubelle noire
Derrière ce symbole de la poubelle noire, il y a un homme. Le président du puissant syndicat de l’automobile, Shawn Fain. “L’homme qui tient Détroit en haleine”, titrait récemment le Wall Street journal. Cet ancien électricien d’une usine Stellantis de l’Indiana a pris à 54 ans la tête du puissant syndicat américain de l’automobile UAW.
L’homme à la poubelle noire avait déjà marqué les esprits en refusant de serrer la main des PDG comme cela se produit traditionnellement au début des négociations syndicales. En avril dernier il déclarait vouloir combattre le “seul vrai ennemi” de son syndicat : des “firmes multimilliardaires”. Des milliardaires, qui selon Shawn Fain ne devraient pas avoir le droit d’exister. Tout simplement…Au-delà de la grève historique, la poubelle noire de bureau est donc devenue l’affirmation d’un message politique. Au point de pousser Joe Biden lui-même à grimper il y a quelques jours sur une pile de palettes sur un piquet de grève, casquette sur la tête et mégaphone à la main. Le président américain à qui Shawn Fain a lancé : “Aujourd’hui l’ennemi n’est plus une puissance étrangère à plusieurs milliers de kilomètres de nos côtes. Il est ici même. Chez nous. Notre ennemi, c’est l’avidité des entreprises”.
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