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Dans la peau d'un pompier volontaire

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.

Article rédigé par franceinfo - Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 333 min
Un pompier à Belin-Béliet, en Gironde, le 11 août 2022. (LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS / AFP)

Je suis l'un des 250 000 pompiers en France. Ou disons une pompière puisqu’aujourd’hui 20% des pompiers sont des femmes. Pour moi, tout a commencé quand j’avais 12 ans : à l’âge où mes petits camarades allaient à leurs activités sportives, moi j’intégrais un centre de formation.

>> Incendies : qui sont les pompiers volontaires qui combattent les flammes ?

C’est là que j’ai tout appris, les gestes qui sauvent, les techniques d’extinction… Et, à 16 ans, j’ai reçu le brevet national de sapeur-pompier. Mes parents étaient fiers: ils savaient que je voulais me sentir utile. Et, encore aujourd’hui, pompier volontaire à 36 ans, ce sens de l’engagement, je le porte toujours en moi. D’ailleurs, je ne suis pas parti en vacances cet été pour pouvoir être disponible.

Et pourtant, d’habitude, chez nous, en Côte-d’Or, à Dijon, les incendies c'est vraiment notre quotidien. Mais cet été n’était pas un été comme les autres. C’est la première fois qu’on nous a demandé de rester à la caserne en cas de départ de feu. Et plus question de rentrer chez nous : on est sortis quasiment tous les jours pour des incendies.

Crise des vocations

Problème : des feux, il y en a de plus en plus, mais des pompiers volontaires, comme moi, il y en a de moins en moins. En 2005 on était 205 000 aujourd’hui seulement 197 000. Et on s’engage moins longtemps : de 12 à 15 ans en moyenne il y a quelques années à 7-8 ans aujourd’hui.

Comment expliquer cette crise des vocations ? Il faut savoir qu'il y a encore quelques années, notre chef était le maire de la commune. On avait ce lien,  comme une famille. Aujourd’hui le lien est un peu distendu. Parfois, on a le sentiment qu’on nous garde surtout parce qu’on ne coûte pas cher.

Mais on ne gère pas des volontaires comme on gère des gens dont c’est le métier. Alors, il parait qu'on va être augmenté de 3,5% : moi qui gagne 8 euros de l’heure par intervention, c'est à peu près 30 centimes d'augmentation. Mais de toutes façons, on ne se bat pas contres des flammes de 60 mètres de haut pour 8 euros de l'heure. Le vrai problème est qu’on est devenus la variable d’ajustement des carences des ambulances, des médecins. On se retrouve à gérer la détresse sociale, à donner des médicaments. Sans compter ces heures de formations toujours plus nombreuses, aux risques attentat, nucléaires... Tout ça, ça fait beaucoup pour un volontaire…

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