Cet article date de plus de deux ans.

Dans la peau d'un un panneau publicitaire numérique

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.

Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un panneau publicitaire numérique dans une station du métro de Berlin, en Allemagne. (John MACDOUGALL / AFP)

Je suis un panneau publicitaire numérique. Je mesure de 2 à 50 mètres carrés et je suis devenu un symbole du gaspillage d’énergie : les ONG veulent me faire interdire…mais ça n’est pas pour tout de suite. Grand mur de pixels apparu en France en 2008, j’ai depuis envahi l’espace public. On me trouve partout : on comptait 40 000 écrans comme moi en 2017, 55 000 en 2019. Soit presque + de 40% en 2 ans.

>> Sobriété énergétique : est-ce vraiment utile d'éteindre la lumière ?

Et depuis, je n'ai cessé de faire des petits et des "estimations" sont en cours, selon le gouvernement qui a bien du mal à me chiffrer. Mais pour les ONG de défense de l’environnement nous sommes trop nombreux. Dans une pétition,
 elles demandent au président Emmanuel Macron mon "extinction définitive", au motif que je serais trop énergivore. Pourtant, mes plus petits modèles - 2 m² -, consommeraient chaque année 2000 kilowattheure d’énergie, soit la consommation annuelle d’un ménage. Voilà pour les chiffres officiels. En réalité, selon des documents de 2017 du géant mondial le français JC Decaux je consomme 6800 kilowhattheure par an, 12 500 quand je suis double-face. Pas étonnant que pour les ONG ce soit beaucoup trop.

L'énergie, mais aussi la fabrication

A l’heure de la sobriété énergétique, vous n’avez pas bonne publicité. C’est sûr que mon bilan carbone a de quoi faire pâlir celui d’un panneau publicitaire classique en aluminium avec du papier.

Car au-delà de ma consommation d’énergie il y a le problème de ma fabrication : je suis composé de matériaux très difficiles, voire impossibles à recycler. Mais je fais la joie des grandes enseignes commerciales qui se battent pour me sauver car, selon elles, encadrer les écrans dans les vitrines, ce serait comme régir la couleur des rideaux aux fenêtres. Certes, les rideaux ne nécessitent pas 8 000 kilos de matériaux pour être produits mais ils ne rapportent rien non plus. Et comme on dit chez nous, une bonne publicité qui ne passe jamais ne fait jamais vendre, et ne rapporte rien aux collectivités. 

En tous cas, le gouvernement menace de m'éteindre toutes les nuits de 1 heure à 6 heures du matin. Mais, en réalité, il va surtout harmoniser des règles déjà valables dans de très nombreuses villes, et d’augmenter un peu le montant des amendes de 750 à 1500 euros par écran non-éteint.

Dans les faits, je continuerai d’illuminer les gares, les aéroports et les métros. Car pour changer ça il faudrait changer la loi. Et le gouvernement ne semble pas prêt à le faire. Malgré les préconisations de la Convention citoyenne pour le climat, et même de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité dans son dernier rapport. Lors du précédent quinquennat, au moins une dizaine de propositions de loi ont été déposées par des députés pour me faire disparaître... Elles ont toutes été rejetées.

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