Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir des "Parleuses", ces libraires qui viennent de faire condamner l'État pour atteinte à la liberté d’expression
Il y a cinq ans, les Parleuses ont monté une librairie à Nice juste en face du futur Hôtel de police. Un commissariat géant où seront réunis policiers nationaux et municipaux. Le 9 décembre 2022, le ministre de l''intérieur Gérald Darmanin est en visite sur place. Mais l'image qu'on retient c'est celle de CRS accrochant de grandes bâches noires sous une pluie battante devant la vitrine de la librairie des Parleuses. Des bâches noires pour cacher des slogans féministes collés le matin même et appelant à la fin de l'impunité dans les affaires de viols en France. Des slogans que le ministre n'aura donc pas eu l'occasion de voir puisqu'ils ont littéralement disparu derrière de grandes bâches noires.
Un bâchage jugé illégal
Le tribunal administratif de Nice a condamné l'Etat, lundi 26 juin, pour atteinte à la liberté d'expression rejetant les arguments déployés par le ministère selon lequel nous les Parleuses aurait pu représenter une menace à l'ordre public. L'État devra donc verser aux libraires 2000 euros pour préjudice moral et pour indemniser les frais de justice.
Mais ce qui compte aujourd'hui, c'est le message envoyé par la justice. La reconnaissance symbolique d'une librairie, qu'elle soit féministe, engagée ou pas, comme un espace où les femmes peuvent s'exprimer, des femmes autrices, des femmes lectrices, des femmes parfois victimes de violences sexuelles qui viennent chercher dans les rayonnages des récits d'autres femmes, dans les moments de dédicaces un espace de sécurité pour s'exprimer, pour trouver des autres "comme elles". Parce que comme l'écrivait Benoite Groult : "Le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme lui tue tous les jours". Et pour tout ça, pour les Parleuses il était important que la justice le dise : non, la police ne peut pas bâcher de noir la parole des femmes.
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