Dans la peau de l'info du timbre rouge qui disparait le 1er janvier 2023
Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.
Je suis le timbre rouge. Apparu en 1969, ma couleur symbolise l’urgence. Si j’ai connu plusieurs versions, j’ai toujours été aux trait de Marianne. Ma disparition définitive a été annoncée au cœur de l’été 2022, alors que vous écriviez peut-être des cartes postales en vacances. Espérons que vous n’aurez rien de plus urgent à envoyer à partir du 1er janvier 2023, car, à ce moment-là, j’aurai complètement disparu. Terminées les lettres envoyées en 24 heures. Et même avec le timbre vert, le courrier sera désormais délivré en trois jours au lieu de deux.
Dans un monde où tout accélère, La Poste se fait chantre de la lenteur. Du moins pour les lettres, car, pour les colis il faut aller toujours plus vite. Mais pour le courrier il n’y a personne à concurrencer, alors autant prendre son temps.
>> La Poste veut lancer un "timbre digital" d'ici début 2023 : comment ça fonctionne ?
C’est vrai que mes ventes ont été divisées par 14 depuis 2008, mais je représente encore 300 millions d’envois chaque année. Pourtant, ça fait un moment que cette disparition me pend au nez : il y a 10 ans déjà quand La Poste avait lancé mon concurrent, le timbre vert, elle m’avait aussitôt fait disparaître des automates. Le régulateur l’avait même rappelée à l’ordre. Mais ce que l’avenir vous promet, La Poste vous l’apporte : alors, me voilà condamné, soi-disant pour des questions écologiques, car je suis souvent obligé de prendre l’avion pour être chez vous en 24 heures. Bon, entre nous, le bilan carbone de la Poste a augmenté de plus de 110% en 10 ans. Mais je crois que, pour moi, le pire, c’est d’être remplacé par un timbre numérique.
Pour 1,49 euro, vous pourrez envoyer un document par mail sur le site de la Poste. Il sera imprimé et délivré en 24h. Évidemment, pas question d’envoyer un original ni un chèque pour payer une facture. Et tant pis pour les oubliés de la dématérialisation, victimes de la fracture numérique, qui sont d’ailleurs souvent ceux qui sont le plus attachés à moi, à leur facteur surtout, qui l’attendent le matin sur le pas de leur porte un café à la main.
Et les facteurs, ma disparition n’annonce-t-elle pas la leur ? Selon les syndicats qui lancent aujourd'hui une pétition intitulée "On se bouge pour sauver le timbre rouge", entre 20 et 40 000 postes de facteurs pourraient disparaître. Aucune suppression d’emploi liée à cette réforme, assure pour sa part La Poste. Alors, qui dit vrai ? Si vous voulez mon avis, vous n’avez pas tous à y gagner.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.