Environnement : le retour de la paille en plastique ?

Le fabricant suisse de boissons sucrées Capri Sun plaide via une pétition, qui a déjà recueilli mercredi 130 000 signatures, pour le retour des pailles en plastique, interdites en Europe depuis trois ans.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des pailles en plastique (photo d'illustration). (MATTHEW HORWOOD / GETTY IMAGES EUROPE)

Les pailles en plastique sont interdites depuis 2021 en Europe. Bannies, proscrites au seul prétexte qu'elles représentent l’un des principaux déchets retrouvés en mer et sur le littoral et donc une catastrophe écologique. Elles ont depuis été remplacées par de vulgaires copies en carton en papier ou en bambou. Mais le sujet est du genre à revenir par la fenêtre quand on met la paille à la porte, bien aidé depuis quelques jours par l’entreprise Capri Sun, qui réclame son retour sur les réseaux sociaux. Le fabricant suisse de boissons sucrées, a lancé mercredi 28 août une pétition sur le site Internet change.org. "Ramenez la paille en plastique", voilà le message que Capri Sun diffuse après de millions de consommateurs les invitant à signer la pétition.

La société Capri Suni commercialise, sous forme de gourdes bleues et orange, de petites bombes sucrées qualifiées de jus de fruits. Pour justifier cette campagne un brin outrancière l’entreprise affirme avoir développé un nouveau format de gourde en polypropylène, un plastique plus recyclable. Elle souhaiterait donc pouvoir commercialiser ces nouvelles gourdes avec des pailles en polypropylène ce qui permettrait d’éviter que les "pailles en papier ne polluent le processus de recyclage ".

Une campagne de lobbying

Près de 130 000 personnes ont déjà signé la pétition de Capri Sun, mercredi 18 septembre. Si cette pétition atteint un jour un million de signataires, Capri Sun pourrait inviter la Commission européenne à légiférer sur le sujet. Cette campagne de lobbying a peu de chances d’aboutir, mais elle aura sans doute eu pour Capri Sun plusieurs avantages. D’abord de faire parler, de sa nouvelle gourde en polypropylène, mais aussi d’ouvrir la fenêtre d’Overton, c’est-à-dire de mettre sur la table une proposition peu acceptable par l’opinion publique, afin de détourner cette opinion du véritable enjeu du moment : à savoir la pertinence de continuer à mettre sur le marché chaque année six milliards de petites gourdes orange et bleues fabriquées à base d’hydrocarbures et destinées à la poubelle avec toutes les conséquences que cela entraîne en matière de pollution, mais aussi peut-être de santé des consommateurs.

Mardi le journal Le Monde (article payant) indiquait que plus de 3000 substances chimiques retrouvées dans les corps humains proviennent de matériaux en contact avec les aliments comme… les emballages en plastique. 

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