"La corneille de Ménilmontant" reste bloquée dans le métro parisien
Après une nouvelle opération de sauvetage, "la corneille de Ménilmontant" est toujours coincée, dans le métro parisien. Depuis des mois, un bel oiseau, noir des pattes au bec, joue les intrus dans le métro parisien. Sans doute attirée par quelque mystère, celle qu'on surnomme désormais "la Corneille de Ménilmontant", du nom de la station où elle a élu domicile, squatte les profondeurs de la terre. Privée de la lumière du soleil, et de sa liberté, mais pas de nourriture, puisque chaque jour des parisiens bienveillants lui apportent de quoi manger, du steak haché ou des pois chiches.
"Ce qui lui manque surtout, c'est de l'eau et du repos, avec le métro qui ne s'arrête de rouler que quatre heures la nuit", explique Frédéric Jiguet, ornithologue du Muséum National d’histoire naturelle, spécialiste des corneilles. Cet expert menait, lundi 8 janvier, une opération de sauvetage, en lien avec la RATP, qui avait déjà tenté à plusieurs reprises de capturer l'oiseau pour le ramener à la surface. "J'ai installé un piège, avec un œuf et des frites, mais rien à faire. Elle ne sera pas facile à capturer. Les corneilles sont des oiseaux très intelligents, et celle-ci m'a vu venir", explique Frédéric Jiguet, qui ajoute en plaisantant "avec toute cette neige dehors, j'en suis même venu à me demander si elle n'était pas mieux au chaud dans sa station de métro".
Arrêter les régulations inutiles
Selon Frédéric Jiguet, la RATP et le MNHN envisagent désormais de mener une opération de nuit, pendant la fermeture de la station, en éteignant des lumières et en plaçant des filets à travers les voies. Selon Frédéric Jiguet, cette histoire devrait interpeller le grand public sur le sort réservé en France en corneilles. L'ornithologue publie en effet cette semaine un livre sur les Corneilles chez Actes Sud, dans lequel il fait le récit de la genèse et des réalisations d'un programme scientifique pour comprendre les corneilles. Son but : "convaincre d'arrêter des régulations inutiles tout en proposant des alternatives durables".
Car si les grands moyens sont déployés pour sauver la corneille de Ménilmontant, objet de toutes les attentions médiatiques, cette espèce est dans de nombreux départements classée comme nuisible. Comme ses cousins corvidés, les corbeaux freux et les pies bavardes, considérés comme des "pilleurs de graines" dans les zones agricoles, les corneilles peuvent être capturées et détruites toute l'année, même en-dehors des périodes de chasse.
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