Paris : en crue, la couleur de la Seine vire au marron

La Seine a pris des teintes marron ces derniers jours. Si la couleur n'est pas synonyme de saleté, à quelques mois des Jeux olympiques, le tableau est du plus mauvais effet et, surtout, le pari de s'y baigner est encore loin d'être gagné.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La Seine, à Paris, le 11 février 2021 (photo d'illustration). (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Soyons honnêtes, les eaux de la Seine ne sont jamais vraiment bleu turquoise, mais c'est vrai que ces derniers jours, début mars, elles étaient encore plus marron que d'habitude. Mais admettons, un fleuve marron, rien de plus commun en période de crue, après des pluies abondantes. Enfin, des pluies habituelles pour la saison et une crue tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Très loin de la grande crue de 1910, quand la dame de fer s'était retrouvée les pieds dans l'eau et que les députés se rendaient en barque au Palais Bourbon.

Alors évidemment, la couleur marron n'est pas forcément synonyme de saleté. Il n'empêche qu'à quelques mois des Jeux olympiques, le tableau est du plus mauvais effet. Car c'est bientôt l'heure du grand plongeon pour les athlètes et pour la maire de la capitale qui s'est engagée à ce que les Parisiens (du moins ceux qui le voudront) puissent se baigner dans les eaux incertaines et obscures de la Seine. Se baigner dans un fleuve interdit à la baignade depuis 100 ans, Jacques Chirac, avant Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, l'avait déjà promis.

Quelque 360 tonnes de déchets, 2 millions de m3 d'eaux usées

Quelle que ce soit la nuance de marron, le 26 juillet prochain, jour de la cérémonie d'ouverture des JO, rien n'assure qu'il sera possible de se jeter à l'eau, malgré le milliard et demi d'euros investi par l'État. Et malgré la construction d'un réservoir géant capable de stocker 46 millions de litres d'eau de pluie qui seront transportés par un tunnel sous la gare d'Austerlitz, direction une station d'épuration. Mais cela suffira-t-il à endiguer les risques liés aux contaminations ?

Chaque année, 360 tonnes de déchets, tels que des scooters, des télévisions ou encore des coffres-forts, sont retirés de la Seine et deux millions de mètres cubes d'eaux usées et domestiques sont déversés dans son lit. Mais on ne sait jamais, les villes de Zurich et de Munich ont bien réussi à assainir leurs rivières. Alors peut-être qu'un jour la Seine sera davantage qu'un conduit d'évacuation des eaux usées ou une voie de navigation. Après tout, il n'est pas interdit de rêver, puisque, comme l'écrivait Apollinaire, sous le Pont Mirabeau coule la Seine et nos amours, et que parfois, paraît-il, la joie vient après la peine.

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