Le "domaine des possibles" : la cinquième dimension dans laquelle nous vivons quotidiennement sans le savoir
Le site de Courrier International reprend de façon hebdomadaire la chronique "En un mot" d'un professeur de linguistique américain, publiée sur le site de Christian Science Monitor. Cette semaine, il met en lumière le mot "si" et le temps conditionnel qui, selon lui, ouvre la dimension des possibles, une "cinquième dimension" dans laquelle nous vivons quotidiennement.
Le conditionnel essentiel à la façon de s'orienter dans la vie
Selon Kai von Fintel : "Nous, les personnes ordinaires nous pensons que nous vivons dans un monde en trois dimensions, voire quatre dimensions lorsque nous nous souvenons d’Albert Einstein et son continuum espace-temps. Mais je vais vous révéler un secret : il existe une cinquième dimension qui se reflète dans nos langues : c’est 'le domaine du possible', qui s'exprime grâce au conditionnel." Il explique que le conditionnel est essentiel à la façon dont les humains mènent leur vie, car il leur permet d'imaginer plusieurs chemins et finalement de s'orienter dans l’existence.
Souvent associé à la conjonction "si", "le plus petit des grands mots", comme le chante Dolly Parton dans sa chanson "If Only" ("Si seulement"), le conditionnel aime refaire le monde avec l'imparfait, comme dans la phrase : "Si la terre n’était pas ronde, elle serait carrée". La fédération française des professeurs de français, dans sa fiche pédagogique dédiée au conditionnel, compare ce temps avec un vieux monsieur, "hypothétique car prudent", qui "avec sa grande expérience de la vie adore donner des conseils". On retrouve cette idée dans la chronique, qui cite : "Approchez encore, ne serait-ce que d'un centimètre, et vous risquez de vous brûler".
Mais le principal loisir du conditionnel est d’imaginer une vie qui n’est pas réelle, comme dans la phrase : "Je serais Roméo et tu serais Juliette. On dirait que nous sommes très amoureux et on mourrait de passion à la fin". Penser un possible, pour se projeter, est un début, et "une fois dans ce monde-là", nous ouvrons toute une suite d'autres possibilités, engendrant des conséquences à l'infini. Kai von Fintel objecte que "sans doute certaines langues n'ont-elles pas d'équivalent à notre 'si', mais l'aspiration de l'être humain à exprimer une cinquième dimension conditionnelle est universelle".
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