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Curiosity en quête de vie

La sonde américaine Curiosity s'est posée sur Mars voici plus d'un mois. Progressivement, les ingénieurs testent ses instruments. Bientôt, la sonde de la Nasa va pouvoir chercher des traces de vie sur la planète rouge
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Cet
impressionnant paysage martien
révélé par Curiosity montre l'immense plaine
d'Aeolis palus, où s'est posée la sonde américaine, dominée par Aeolis mons, le
grand massif sédimentaire situé au centre du cratère Gale. En effet,
contrairement à ce que l'intuition aurait tendance à nous souffler – "on
voit ici le pic central du cratère, pic formé, comme sur la Lune, par le rebond
de la matière brûlante au moment de l'impact" - cette montagne de 5500
mètres d'altitude environ n'est pas le pic central de Gale, mais un amas de
couches sédimentaires déposées là depuis plus de deux milliards d'années...

A
une certaine époque,
le cratère Gale a peut-être été entièrement comblé de
sédiments, puis l'érosion éolienne a progressivement libéré ce monticule
central, Aeolis mons.

La
perspective offerte par le panorama de Curiosity
donne le vertige : face à
la sonde, la plaine d'Aeolis palus, c'est-à-dire le fond de l'arène du cratère
Gale, qui mesure 155 kilomètres de diamètre. Au centre, donc, Aeolis mons – le
mont Sharp, pour les Américains, en complète contradiction avec la nomenclature
martienne officielle – dont le vrai sommet est caché par les contreforts de la
montagne, visibles ici. De part et d'autre d'Aeolis mons apparaissent, voilés
par la brume martienne, les remparts lointains du cratère. Le pied de la
montagne se trouve à environ 6 km du rover de la Nasa, quant aux remparts, ils
sont distants d'une trentaine de kilomètres...

Dans
les mois qui viennent,
Curiosity va s'approcher d'Aeolis mons, puis commencer à
étudier ses strates, qui affleurent directement dans la pente. Dans ses
sédiments, supposent les planétologues, l'histoire de Mars, sur plus de deux
milliards d'années, pourra être lue, feuillet par feuillet, à livre ouvert, ou
presque... Si Gale, et ses sédiments, ont été choisis par la Nasa pour cette
ambitieuse mission d'exploration planétaire, c'est que ce site a probablement
connu à plusieurs reprises le passage de grandes quantités d'eau. Il est même
possible qu'un lac aux eaux paisibles, au fond de Gale, ait reflété l'éclat de
Phobos et Déimos, durant la nuit martienne, voici quelques milliards d'années.
L'eau, c'est la vie, selon le mantra des exobiologistes, et l'espoir, donc, de
trouver dans les strates de Aeolis mons les traces d'une vie passée, voire,
pour les plus optimistes, celle d'une vie présente, cachée dans le sous-sol,
que Curiosity va bien sûr creuser et gratter, à tout hasard...

Ce
magnifique panorama martien
a été réalisé par Damien Bouic, un astronome
amateur passionné par la planète rouge et qui s'est spécialisé dans le
traitement des images martiennes transmises par les sondes Spirit, Opportunity
et maintenant Curiosity. C'est l'une des caractéristiques des images des
dernières missions planétaires de la Nasa que d'être livrées au public, en
temps réel ou presque. De fait, et assez curieusement, celles-ci sont souvent
traitées, plus vite, et, comme ici, mieux, par des passionnés d'imagerie
spatiale que par le service de presse de la puissante agence américaine. Pour
réaliser ce panorama d'Aeolis palus, dont seule la partie centrale est vue ici,
Damien a ajouté numériquement un ciel virtuel, mais très proche du ciel martien
réel.

Serge
Brunier

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