En direct de l'Europe. Le libéralisme conquérant ou l'Europe protectrice des peuples ?
L'élection d'Emmanuel Macron a été accueillie avec soulagement par les Européens. Mais le nouveau président français saura-t-il relever le défi : relancer, réformer l'Union en respectant ses règles, tout en protégeant les plus fragiles ?
L'élection d'Emmanuel Macron a été accueillie avec soulagement par les Européens. Mais le nouveau président français saura-t-il relever le défi : relancer, réformer l'Union en respectant ses règles, tout en protégeant les plus fragiles ? Les députés européens sont partagés entre espoir et crainte d'une politique trop libérale.
L'Europe respire
L'élection d'un centriste europhile comme nouveau président français, au moment où s'ouvrent les négociations sur le Brexit, lui offre une nouvelle bouffée d'air, après les coups d'arrêt portés à l'extrême droite en Autriche et aux Pays-Bas. C'est la chancelière allemande Angela Merkel qui résume le mieux le soulagement des dirigeants, elle qui l'a immédiatement appelé et sera la première à le recevoir ce lundi 15 : "Emmanuel Macron porte les espoirs de millions de Français et d'Européens. Il a mené une campagne pro-européenne courageuse, il défend l'ouverture sur le monde et est résolument pour l'économie sociale de marché".
Emmanuel Macron n'aura pas eu d'état de grâce
Dès le lendemain de son élection, il était rappelé à la dure réalité, par le président de la Commission européenne qui lui demande de réduire la dépense publique: "Les Français dépensent trop d'argent et au mauvais endroit, pour leurs budgets publics" insiste Jean-Claude Juncker, qui demande de faire les réformes nécessaires.
Emmanuel Macron a souligné à plusieurs reprises qu'il était face à une "tâche immense" : protéger les plus fragiles, organiser mieux les solidarités, assurer la sécurité, réformer l'Union, vaincre le chômage de masse, résorber les inégalités, libéraliser l'économie tout en protégeant les travailleurs. Ces réformes seraient la clé pour que les électeurs "n'aient plus aucune raison pour voter pour les extrêmes". Pour que les Européens ne succombent plus aux sirènes du populisme.
A condition, non pas de "poursuivre son agenda économique pro-business, qui encourage le vote national-populiste", mais de "promouvoir l'intérêt général, de s'attaquer aux inégalités sociales plutôt que de couper dans les dépenses sociales", souligne l'eurodéputé belge Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts au Parlement européen. "Emmanuel Macron doit proposer un nouveau projet de société durable et solidaire".
Le nouveau président français trouvera-t-il suffisamment d'alliés en Europe pour mener à bien toutes ces réformes ?
Le moteur franco-allemand semble en bonne voie de redémarrage. Pour l'eurodéputé Andreas Schwab, "avancer ensemble est une nécessité, car l'Europe est en difficulté et seuls nous serons perdus". Il se dit confiant: "Ce qui va définitivement marcher, c'est qu'on va parler de tout et trouver des compromis".
D'autant plus que l'orthodoxie budgétaire est désormais critiquée jusqu'en Allemagne par les sociaux-démocrates, eux-mêmes en campagne. Même le premier ministre grec, Alexis Tsipras, compte sur Emmanuel Macron, qui a promis de mener le combat pour un allègement de sa dette. Bruxelles a fait de nouvelles propositions pour que la réforme de la directive sur les travailleurs détachés puisse être portée par la France.
Sur le Brexit comme sur la Turquie, le nouveau président français devrait jouer l'unité. Mais pour combien de temps ?
L'accord sur les migrants est fragile, les candidats à l'exil continuent de se noyer en Méditerranée ou de mourir de soif dans le désert, abandonnés par les passeurs. Or les États membres refusent toujours de les accueillir.
Peut-être Emmanuel Macron réussira-t-il le miracle d'imposer une Europe à la fois "conquérante, protectrice" et enfin solidaire.
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