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En direct de l'Europe. Terrorisme : maîtriser sa peur pour continuer à aimer vivre

"Ni haine, ni peur". La campagne du Conseil de l'Europe contre le terrorisme, inspirée du message du journaliste français Antoine Leiris (ancien chroniqueur de "Tableauscopie" sur franceinfo), qui a perdu sa femme Hélène au Bataclan, est relayée, via les réseaux sociaux, dans les 47 Etats membres. 

Article rédigé par franceinfo, Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Antoine Leiris aux côtés de Pedro Agramunt, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (ANJA VOGEL / RADIO FRANCE)

#NoHateNoFear a une résonance particulière en ce jour de commémoration 

Le 13 novembre 2015 Antoine et Melvil Leiris perdaient Hélène, leur épouse et maman, dans l'attentat contre le Bataclan. Trois jours plus tard, le journaliste, ancien chroniqueur culturel à France Bleu et franceinfo, postait un message sur Facebook :
"Vous n'aurez pas ma haine… Vous voulez que j'aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Et parlant de son fils de 17 mois : "Toute sa vie, ce petit garçon vous fera l'affront d'être heureux et libre. Car non, vous n'aurez pas sa haine non plus".

Devenu le titre d'un livre bestseller, Vous n'aurez pas ma haine est repris dans le monde entier, cité régulièrement au Parlement européen et au Conseil de l'Europe, qui s'en est inspiré pour sa campagne "No hate no fear, ni haine ni peur", lancée cet été, et relayée depuis dans ses 47 Etats membres notamment à travers les réseaux sociaux.

Transcender la haine et la peur

 Le Conseil de l'Europe souhaite "mobiliser tous les acteurs de la société pour lutter contre l'émergence de la haine et de la peur face à la menace terroriste". L'objectif n'est pas de les nier, mais d'apprendre à vivre avec, de transcender des sentiments qui sont légitimes et justifiés.
"Mais si nous laissons la haine et la peur dicter notre conduite, modifier notre quotidien, les terroristes auront gagné, souligne l'Espagnol Pedro Agramunt, président de l'Assemblée parlementaire de l'organisation paneuropéenne. Nous devons résister et défendre encore plus vigoureusement nos principes et nos idéaux".

Devant les parlementaires, Antoine Leiris a décrit la peur comme une "musique intérieure qui se nourrit de nos blessures et de nos fragilités, qu'il faut absolument écouter pour arriver à la comprendre et à la dépasser. Nous ne sommes pas impuissants, leur a-t-il lancé. Le fait de reprendre une vie normale, d'aller au travail, d'emprunter les transports en commun, de boire un verre sur une terrasse sont des actes de résistance".

Les outils juridiques pour lutter contre le terrorisme

Le Conseil de l'Europe dispose de plusieurs instruments juridiques pour combattre le terrorisme, notamment une Convention pour la prévention du terrorisme, y compris sur internet, et un Plan d'action sur la lutte contre l'extrémisme violent et la radicalisation, mais toujours dans le respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit. D'où les critiques régulières à l'encontre de l'état d'urgence permanent en France.

"Ce sont ces idéaux qu'il faut mettre en avant face aux islamistes, souligne Antoine Leiris. A ces jeunes qui se font embrigader au motif que notre société ne serait portée que par la consommation et l'individualisme, réaffirmer la beauté de la Convention européenne des droits de l'homme", la force de la charte des droits fondamentaux de l'Union. A la mort, opposer "la liberté, la conscience et la vie, une manière de nous rendre indestructibles".

Nécessité d'un statut européen des victimes du terrorisme

Avant de poser avec les parlementaires pour la photo de la campagne #NoHateNoFear, le journaliste a souligné la nécessité d'un statut européen des victimes du terrorisme. "La communauté internationale doit assumer sa part de responsabilité et accepter d'embrasser ce qui est arrivé à une partie de sa population, marquer sa compréhension, lui rendre un peu d'humanité".
Pour Antoine Leiris, l'Europe doit être pionnière dans la revendication de cette "communauté de destin".

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