Grèce : la solidarité pour seule arme contre l’austérité
Depuis le début de la crise il y a cinq ans, la Grèce a vu son système d’assurance sociale se désintégrer par la chute brutale des fonds publics.
Ce qui a déjà provoqué la fermeture de nombreux services hospitaliers et une fuite massive de médecins vers l’étranger, alors que le nombre de malades ne cesse d’augmenter.
Les médicaments essentiels comme les vaccins, les traitements anti-cancéreux, les psychotropes et les anti-diabétiques manquent cruellement, entrainant un nombre incalculable de morts prématurées par défaut de soins.
La tuberculose et le sida progressent. Les taux de dépression, de pathologies mentales et de toxicomanies sont en augmentation. De plus en plus de familles démunies n’ont comme dernier recours que de placer leurs malades en hôpitaux psychiatriques, -s’ils y trouvent de la place-, dans près de 50% des cas, contre leur gré.
Dans ce contexte de désintégration sociale et de chômage, les suicides ont connu une hausse considérable de près de 30% entre 2008 et 2011. Les violences intra-familiales explosent.
Face à cette situation humanitaire dramatique, de nombreux professionnels de la santé ont pris les choses en main pour pallier les carences de l’État et aider les plus fragiles. Une cinquantaine de dispensaires et de pharmacies auto-gérés ont vu le jour à travers la Grèce, dont la plupart organisés en réseau.
Des centres d’accueil pour réfugiés sont installés
Par exemple dans les anciens locaux des Jeux olympiques en banlieue d’Athènes. Des médecins généralistes, des pédiatres, des infirmières, des pharmaciens, parfois retraités, y assurent des permanences, bénévolement.
La générosité des Grecs fait le reste
De toutes part les dons matériels affluent : de la nourriture, des vêtements, des couches, des médicaments, redistribués aux près de 3 millions d’exclus de la sécurité sociale, aux réfugiés -pour la plupart syriens ou afghans- qui viennent faire soigner leurs enfants et prendre le nécessaire avant de reprendre la route vers "l’Europe"… vers une vie qu’ils espèrent meilleure.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, plus de 800.000 personnes ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe en 2015, dont la très grande majorité -670.000- est passée par la Grèce et les îles de la mer Égée. 3.500 sont mortes ou portées disparues. Un drame aussi pour les habitants de ces îles, impuissants et traumatisés à la vue des cadavres échoués sur leurs plages.
Pour le seul mois d’octobre, malgré les mauvaises conditions météorologiques, 210.000 personnes sont arrivées en Grèce
En majorité à Lesbos, principale porte d’entrée des réfugiés en Europe. L’île, débordée, continue en ce mois de novembre d’enregistrer 3.300 arrivées en moyenne par jour.
Cette situation a encouragé le développement d'initiatives solidaires, localement et internationalement, comme celle du collectif Solidarité France Grèce. Dans cet élan, une vingtaine de professionnels de la santé français, membres notamment du Syndicat de la Médecine Générale et de l'Union Syndicale de la Psychiatrie, se sont rendus pour la deuxième fois cette année sur place. Impressionnés par l'efficacité des réseaux d'entraide, qu'ils considèrent comme un modèle reproductible dans toute l'Europe, ils mettent aussi en garde : leur vitalité risque de favoriser un désengagement encore plus important de l’État, dont les effets frapperaient une fois de plus les plus démunis.
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