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"Il n'y a pas de loi européenne contre l'irresponsabilité politique"

L’humeur n’était pas franchement aux vacances cette semaine parmi les eurodéputés, réunis pour leur dernière session avant la trêve estivale. Le fait que l’Union se retrouve comme paralysée depuis le référendum sur le Brexit réjouit le leader pro-Brexit Nigel Farage, qui continuera à siéger à Strasbourg et Bruxelles, mais préoccupe beaucoup le président du Parlement européen, Martin Schulz.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Nigel Farage reste au Parlement européen pour s'amuser du "théâtre de marionnettes" © European Union 2016 - Source : EP)

 "C’est incroyable. Ils se moquent de nous. Mais tant que le Royaume-Uni n’est pas sorti de l’Union, il reste un État membre à part entière, même chose pour le statut de ses eurodéputés.  Je ne peux rien faire. Il n’y a pas de loi européenne contre l’irresponsabilité politique ".

Le Président du Parlement européen Martin Schulz ne mâche pas ses mots

Il dénonce à la fois les leaders pro-Brexit qui n’assument pas leurs responsabilités, Boris Johnson et Nigel Farage qui quitte la direction nationale du navire Ukip, mais continue à venir à encaisser ses indemnités d’eurodéputé, un parti conservateur qui préfère régler d’abord ses conflits internes quitte à "prendre tout un continent en otage ", et des dirigeants européens qui ne prennent pas la mesure de l’ampleur de l’événement et se donnent rendez-vous "en septembre à Bratislava, pour un débat à huis clos " sur l’avenir de l’Union…

Car l’Union se retrouve aujourd’hui paralysée

Faute d’avoir anticipé les conséquences d’un référendum dont l’issue a pourtant toujours été incertaine. De ne pouvoir s’appuyer que sur un article 50 flou – d’ailleurs introduit dans le Traité de Lisbonne à la demande des Britanniques - et qui rend les 27 autres États membres tributaires de la volonté d’un seul, puisque c’est le Royaume-Uni qui doit déclencher le processus de sortie.

Une situation qui amuse beaucoup Nigel Farage. Martin Schulz le connaît bien puisqu’il siège depuis 17 ans au Parlement européen, où il continuera d’ailleurs à co-présider le groupe homophobe que les élus Ukip constituent avec le Mouvement italien 5 étoiles et quelques élus d’extrême-droite.

Dans une salle de presse comble, celui qui se présente comme un "homme d’affaires ", a réitéré sa satisfaction d’avoir atteint son objectif et s’est dit optimiste quant aux conséquences économiques. Aux questions sur les mensonges proférés pendant la campagne, il a répondu que le camp adverse avait fait pire, avant de conclure : "Est-ce que j’aurais eu raison ou est-ce que j’aurais eu tort ? En fait tout ce qui compte, c’est qu’on a voté pour être une nation libre, indépendante et démocratique" .

L'Union appelée à surmonter ses peurs

"La seule manière de combattre le populisme et l’extrémisme est de replacer le citoyen au cœur du débat européen" , insistait quelques heures plus tard le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui préside l’Union européenne pour les six prochains mois. Une Union qu’il appelle à "surmonter ses peurs ", d’autant que ce type de référendums risque de se succéder dans les prochains mois.

Comme celui que le président hongrois Victor Orban organise le 2 octobre sur les quotas de réfugiés et qui risque bien de se solder par un non au plan européen de relocalisation des migrants. "Pour la Hongrie, il s’agit d’accepter 1500 personnes" , souligne Martin Schulz, qui à l’image du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, est totalement opposé à une Europe "à la carte" .

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