Cet article date de plus de neuf ans.

Les quotas de réfugiés crispent l'Europe

Pour soulager l'Italie, la Grèce et Malte, la Commission européenne propose de répartir 20.000 réfugiés dans plusieurs pays européens pendant deux ans. Au-delà des réactions outrées hongroises ou britanniques, la mesure est loin de faire l'unanimité.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Le principe de solidarité entre les pays sera-t-il imposé par l'Europe pour l'accueil des migrants ? © MaxPPP)

"C'est une idée folle ! " La réaction du Premier ministre hongrois Viktor Orban n'a pas étonné grand monde. Mais elle a fait soupirer d'agacement dans les instances de Bruxelles. L'idée de la Commission de répartir à travers l'Union européenne 20.000 réfugiés arrivés sur les côtes européennes - et sous protection du Haut Commissariat des Nations unies - suscite pourtant bien des crispations.

De nombreux membres du Parti populaire européen (PPE) ont d'emblée fait savoir leur désaccord. "Avec ces quotas, nous entretenons l'idée que tout non-Européen qui rencontre de graves problèmes dans son pays a un droit acquis à venir vivre en Europe" , explique Alain Lamassoure, chef de file des eurodéputés UMP. Nous allons nous mettre dans une situation sociale impossible " .

Tout se jouera d'ici le sommet des dirigeants de l'UE du 30 juin

La clé de répartition détaillée par la Commission impose à la France de prendre en charge 2.375 réfugiés . A l'Allemagne, 3.086. Au Royaume-Uni, 2.309. La Grande-Bretagne a fait savoir immédiatement qu'elle ne participerait pas à ce système : comme l'Irlande et le Danemark, elle peut en être dispensée puisqu'elle n'a pas ratifié toutes les conventions européennes relatives à l'asile et à l'immigration.

Pour les autres pays, tout se jouera lors de la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE le 15 juin, puis lors du sommet des dirigeants le 30 juin. A gauche comme à droite, personne n'est dupe : le texte ne passera pas en l'état .

Mais, échaudée par les précédents échecs sur la question migratoire, la Commission européenne s'appuie cette fois sur l'article 78.3 du Traité de Lisbonne. "C'est un article qui avait été un peu oublié , précise Sylvie Guillaume, vice-présidente socialiste du Parlement européen. Face à l'urgence, le Conseil peut décider à la majorité. Et non à l'unanimité. De quoi faire valoir une responsabilité conjointe" .

Et contraindre à la solidarité les pays les plus réticents. Plus de 36.000 migrants sont arrivés sur les côtes européennes depuis le 1er janvier 2015.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.