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L’UE doit se préparer à la guerre commerciale avec la Chine

Pour beaucoup de députés européens, c'est LE sujet de l'année : l'attribution éventuelle du statut d'économie de marché à la Chine. Une décision qui serait lourde de conséquences, notamment en matière d'emplois. Le Parlement européen y est très majoritairement opposé, et tente de convaincre la Commission, négociateur commercial des 28 à l'OMC.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La Chine ne remplit pas les critères notamment sociaux du statut d'économie de marché © Maxppp)

Pour la plupart des eurodéputés, la question ne se pose même pas. La Chine n’est pas une économie de marché, elle ne remplit pas les critères, y compris sociaux et environnementaux. Or lui donner le statut déboucherait sur une forte baisse de ses droits de douane et exacerberait encore la concurrence, mettant gravement en danger l’économie européenne.

Une solution d’autant plus risquée et hypocrite qu'elle la pousserait à nous attaquer devant l’OMC. Et rendrait impossible les enquêtes antidumping et anti-subventions de l’UE : une cinquantaine sont actuellement ouvertes contre la Chine, soit 80% des enquêtes européennes.

Ne pas donner le statut d’économie de marché à la Chine entraînera forcément des mesures de rétorsion de sa part, à l’égard de certains secteurs ou pays. L’UE doit d’ores et déjà s’y préparer, en déterminant "comment dire NON sans entraver nos investissements ", souligne Franck Proust. Il rappelle le précédent des panneaux photovoltaïques : "en interdisant l’importation de vins français et en n’attribuant plus aucune licence d’importation de véhicules allemands, la Chine a divisé la 1ère puissance commerciale du monde (NDLR: l'Union européenne) ".

Sur la question de l'acier, au cœur des discussions, les ministres de sept pays européens, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, viennent d'ailleurs d'écrire à la Commission pour l'exhorter à prendre des mesures contre "les pratiques commerciales déloyales récurrentes, dans un contexte de forte concurrence, intensifiée par une situation de surcapacité internationale ".

"Comment voulez-vous être compétitif face à des concurrents qui payent leurs salariés entre 80 et 100 dollars par mois et s'affranchissent des contraintes environnementales? ", lance Édouard Martin, qui propose notamment un ajustement de la taxe carbone aux frontières extérieures de l'Union, ce qui permettrait aussi d'éviter que les industriels européens ne délocalisent leur production... par exemple en Chine.

Dans tous les cas, l’UE doit s’attendre à une véritable guerre commerciale

Et elle doit y répondre en affichant une solidarité sans faille, entre pays européens, mais également avec les États-Unis et le Japon, les deux autres principaux partenaires de la Chine.

A son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001, la Chine avait été enregistrée comme une "économie non marchande ", la question de son statut devant être réexaminée quinze ans plus tard, en 2016.  

En attendant, le Parlement européen exige de la Commission une "étude d’impact approfondie " sur l’industrie et l’emploi européens de l’octroi d’un tel statut à la Chine. Sans s’engager sur l’issue des délibérations, la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, a souligné dans l’hémicycle que "la question n’est pas de savoir si la Chine est une économie de marché, mais si l’UE doit changer ses méthodes de calcul des taux de dumping ".

Avant de tenter de rassurer : "La Commission demeure dans tous les cas engagée à conserver un instrument antidumping fort ".

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