Tunisie : des élections libres, transparentes et intègres
L’Union européenne a déployé 150 observateurs pour
suivre les élections de l’Assemblée constituante, un scrutin historique
neuf mois après la chute de Zine El Abidine Ben Ali. Avec un taux de
participation à faire pâlir d’envie toutes les démocraties, ces
élections sont confirmées comme étant libres, transparentes et intègres.
"Seules quelques irrégularités mineures ont été relevées "
a souligné le chef de la mission européenne, le député européen
allemand Michael Gahler (chrétien-démocrate du Parti Populaire
Européen).
Ces dysfonctionnements sont la "faible présence dans les bureaux de vote " des représentants des listes candidates, les "difficultés rencontrées " par les électeurs les plus âgés, les illettrés et les handicapés, et "l’adoption tardive de certaines dispositions, en particulier celles relatives aux modalités de vote des électeurs non inscrits "
volontairement sur les listes électorales. Mais dans l’ensemble, ces
élections ont été exemplaires souligne la mission d’observation. 15
eurodéputés et 20 observateurs du Conseil de l’Europe y ont participé,
parmi lesquels l’eurodéputée verte Hélène Flautre. Elle souligne la
qualité de l’organisation du processus électoral et se réjouit de la
naissance d’une vie politique démocratique qui s’annonce passionnante en
Tunisie. Elle s’inscrit en faux contre de nombreux courants des
opinions publique et politique européennes qui réprouvent le résultat
des urnes, à savoir l’écrasante victoire du principal parti islamiste
Ennahda. Les fruits de la mission d’observation devraient l’inciter à
remettre en question certains de leurs préjugés. "Le chemin de la démocratie a été balisé par la Tunisie. C’est un exemple à suivre pour tous les voisins ", souligne la mission.
Dès l’ouverture de la session du Parlement européen, le
lendemain des élections, son président, le Polonais Jerzy Buzek s’est
lui aussi félicité des premières élections libres en Tunisie et de la
fin des plus de 40 ans de règne du colonel Kadhafi en Libye. Le
Parlement européen qui a désigné les lauréats du prix Sakharov pour la
liberté de l’esprit, en choisissant d’honorer 5 militants du Printemps
arabe, dont à titre posthume le Tunisien Mohamed Bouazizi qui a été le
déclencheur des révolutions arabes en s’immolant par le feu le 17
décembre dernier. Son geste a provoqué un large mouvement populaire qui a
mené à la chute du régime de Ben Ali.
La deuxième lauréate est la blogueuse égyptienne Asmaa Mahfouz,
l’une des fondatrices du "Mouvement des jeunes du 6 avril", qui avait
lancé l’appel à se rassembler sur la place Tahrir au Caire, mouvement
qui a conduit à la chute du raïs égyptien Hosni Moubarak.
Ont également été honorés Ahmed al-Zubair Ahmed
al-Sanusi, 77 ans, un dissident libyen qui a passé 31 ans en prison en
raison de son opposition au régime de Mouammar Kadhafi ; Razan
Zeitouneh, avocate de 34 ans qui dirige des comités coordonnant la
révolte en Syrie, dont le mari est en prison et qui est elle-même
obligée de se cacher ; et enfin Ali Farzat, caricaturiste de presse,
gravement battu en août par les forces de sécurité syriennes qui lui ont
cassé les mains.
La cérémonie solennelle de remise du prix aura lieu en décembre dans
l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. Un an après la mort de
Mohamed Bouazizi.
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