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Au Burkina Faso, comment des femmes transforment le fléau des sacs plastiques en source de revenu

À Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, un collectif de femmes a réussi à transformer la calamité des sacs plastiques en activité économique. En plus de lutter contre la pollution, ces femmes assurent leur indépendance.  

Article rédigé par franceinfo - Anne Mignard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un magasin du Groupement d'action des femmes pour la relance économique vend des sacs, issus du plastique collecté à Bobo-Dioulassoau au Burkina Faso.  (ANNE MIGNARD / RADIO FRANCE)

Au Burkina Faso, à Bobo Dioulasso, la capitale économique du pays, près de la frontière avec le Mali et la Côte d'Ivoire, des femmes ont réussi à faire de la calamité des sacs plastiques une véritable source de revenus. Ces sacs tuent chaque année près d'un tiers du bétail qui le mange, provoque des ruptures de canalisations et entache le paysage.

Un collectif de femmes aux manettes

Les membres du Groupe d'action des femmes pour la relance économique (Gafreh) sillonnent les rues de la ville de Bobo Dioulasso pour ramasser la matière première, les sacs en plastique. Ils sont ensuite lavés, séchés, découpés, posés sur un métier à tisser, puis travaillés. Le tissu obtenu est alors vendu au mètre ou utilisé pour la fabrication de sacs à dos, de porte-clés, de poupées, de ceintures et même de petits meubles. L'activité a fait disparaître le plastique des paysages. Elle fait aussi vivre des familles. Au Burkina Faso, plus de la moitié des femmes ne savent ni lire ni écrire. Elles sont nombreuses à avoir quitté l'école dès le primaire pour assurer les tâches domestiques avant de se marier. Mais lorsque l'époux est malade ou disparaît, elles se retrouvent sans ressource.

Les ateliers de couture se sont adaptés

La matière première demande un travail particulier, plus long et plus fastidieux que sur un tissu traditionnel. Pauline, une jeune couturière de l'atelier du Gafreh, explique que le plastique est plus difficile à couper et à coudre que le coton, d'autant qu'il faut la préparer, puis coller la matière première avant de pouvoir l'utiliser. Les couturières ont même dû adapter les machines qu'elles utilisent pour coudre ce plastique. 

Un succès à consolider

Lors du lancement du projet en 2003, le Gafreh employait six femmes. Aujourd'hui, elles sont une centaine. Le succès suscite d’ailleurs des vocations puisque des associations du Mali, du Sénégal, de Guinée ou encore du Kenya réclament des formations aux membres du Gafreh. Mais les clients sont à 90% étrangers. Depuis la chute de Blaise Compaoré, il y a trois ans, et les derniers attentats, les touristes et consommateurs se font plus rares. Le Gafreh a aussi du mal à exporter, c'est pourquoi il tente de conquérir le marché du pays. Mais il est confronté au prix. Les sacs à dos du Gafreh sont trois fois plus chers que des sacs importés de Chine. Pourtant, les couturières l'affirment : leurs sacs sont de bien meilleure qualité. 

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