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Au Canada, la représentante de la reine d'Angleterre démissionne et relance le débat sur l'attachement à la Couronne

Un scandale a poussé la gouverneure générale du Canada, plus haut personnage de l'État, à démissionner. L'opposition en profite pour dénoncer le régime de la monarchie constitutionnelle.

Article rédigé par franceinfo - Hélène Jouan
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Julie Payette devant le Sénat canadien, le 5 décembre 2019. (FRED CHARTRAND / POOL)

C'est une démission qui prend des allures d'affaire d'État : Julie Payette, la gouverneure générale du Canada, plus haut personnage de l'État, a quitté son poste le 22 janvier. Elle était la représentante de la reine d'Angleterre au Canada, sa démission crée donc des remous.

Cette ex-astronaute de 57 ans, choisie par Justin Trudeau en 2017, a démissionné à la suite d'un rapport dévastateur émanant d’un cabinet privé, diligenté après des révélations faites par la presse canadienne. Un rapport faisant état d’un "climat toxique" régnant à Rideau Hall, sa résidence officielle à Ottawa.

Cris, brimades, harcèlement, burn-out des employés travaillant avec elle... La charge était rude. Julie Payette a donc préféré, à moins que le Premier ministre ne l’y ait vivement encouragée, jeter l’éponge. Sa démission relance le débat sur les institutions politiques canadiennes.

L'opposition saisit l'occasion de critiquer la Couronne

Le Canada, ex-colonie britannique, vit toujours sous le régime de la monarchie constitutionnelle, hérité de 1867, même si les pouvoirs de la reine Élizabeth II sont très honorifiques sur le territoire canadien. Elle se rappelle surtout au bon souvenir de ses sujets sur les billets de banque de 20 dollars.

Mais certains ont profité de l’occasion pour dénoncer cet archaïsme institutionnel. Paul St-Pierre Plamondon, le chef du Parti québécois, parti indépendantiste, s'est fendu d'une petite vidéo raillant ce reliquat colonial. "J'aime la reine d'Angleterre. J'aime la monarchie, parce que ça nous permet de dilapider 67 millions de dollars par année", ironise-t-il sur Twitter.

"Sans blague, je n'ai absolument rien contre l'Angleterre, poursuit-il. Là où j'ai un problème, c'est lorsque leur colonialisme a empêché les Québécois de s'autodéterminer de toute leur Histoire. Et qu'encore aujourd'hui, ce soit le cas et qu'on paye pour des symboles qui nous rappellent qu'on n'est toujours pas libre, qu'on ne vit toujours pas dans une démocratie normale."

Cela ne veut tout de même pas dire que les Canadiens sont prêts à couper les ponts avec la Couronne britannique. Les trois quarts des Québécois se disent favorables à l’abolition de la monarchie constitutionnelle au Canada, selon un récent sondage. Mais le rejet est beaucoup moins net dans l’espace anglophone du Canada.

Il y a assez peu de chances, ou de risques, que le Parlement et les assemblées législatives des 13 provinces canadiennes se mettent d’accord dans un proche avenir pour couper les liens. Même si d’autres anciennes colonies empruntent ce chemin, comme la petite île antillaise de la Barbade, qui a décidé d’ici la fin de l’année de dire définitivement au revoir à la Reine.

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