Au Cap-Vert, après trois ans de sécheresse, l'eau est devenue "beaucoup trop chère" pour les agriculteurs
Le Cap-Vert est touché de plein fouet par la sécheresse depuis trois ans, les agriculteurs ont de plus en plus de mal à continuer leur activité. L'archipel appelle les pays développés à s'engager contre le réchauffement climatique.
Le Cap-Vert, archipel de 600 000 habitants à 650 kilomètres des côtes ouest-africaines, dans l’océan Atlantique, connaît une des pires sécheresses de son histoire. Les agriculteurs manquent cruellement d'eau. Le Premier ministre Ulisses Correia e Silva a réclamé des actions et des engagements de la part des pays les plus développés contre le réchauffement climatique à la tribune de la COP26.
Cela fait trois ans que la pluie ne tombe pas suffisamment sur l'archipel du Cap-Vert. Trois saisons des pluies coup sur coup qu’il ne tombe qu'un peu d’eau, quelques jours, une à quelques fois par mois, mais tout cela ce n’est pas assez pour satisfaire les besoins en eau et pour recharger les nappes phréatiques. Elles sont essentielles au beau milieu de l’océan Atlantique, et représentent 80% des ressources en eau dans le pays.
Sans eau, les rendements sont en chute libre
Manuel Amado possède un terrain vallonné de plus de 1 500 hectares, à quelques kilomètres de Praia, la capitale. Pour ses animaux, ses vaches notamment, l'éleveur est obligé de faire des provisions sur une très longue durée."Ce que vous voyez, c’est un stock de fourrage que j’ai depuis 2020, explique-t-il au milieu des herbes jaunies et de ses plantations de bananes. Au Cap-Vert, on n’est jamais sûr d’avoir de l’eau et donc du foin tous les ans. La preuve que j’ai eu raison : on en a bien besoin en ce moment pour les animaux. On peut tenir encore deux ou trois ans comme ça."
"Je suis là depuis 20 ans et le changement se voit partout au Cap-Vert. Les terrains semi-arides deviennent arides, les terrains humides deviennent semi-humides."
Manuelo Amado, agriculteur près de Praiaà franceinfo
Avec le manque d’eau, les plantes de Manuel Amado produisent six fois moins de fruits qu’il y a cinq ans. "On doit tous avoir conscience de ce bouleversement, car la dégradation de l’environnement est évidente, souligne-t-il. Il est temps de trouver de nouvelles solutions."
Les agriculteurs doivent trouver de l’eau par tous les moyens. Le gouvernement leur en fournit à un tarif réduit. Un des bénéficiaires, Aristides Carvalho cultive des plantations d’arbres fruitiers ou encore de canne à sucre en étage depuis 24 ans, à quelques kilomètres de là. "Sans pluie, nous sommes obligés d’acheter des bidons d’eau. Des bidons de 50 litres, ou même de 500 litres dans le pire des cas ! Cela coûte environ pour cette quantité l’équivalent de cinq euros l’unité. C’est impossible de continuer ainsi. Nous n’avons pas assez d’argent. L’eau est beaucoup trop chère, et le rendement trop faible".
En tout près de 20% des terres cultivables sont devenues infertiles, trop sèches ces dernières années. Le gouvernement a beau tenter de soutenir ces agriculteurs, le problème est global.
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