Cet article date de plus de cinq ans.

Au Liban, un scandale de faux diplômes secoue des universités

Plusieurs universités libanaises sont impliquées dans un vaste trafic de faux diplômes. Des profs et des hauts fonctionnaires sont visés.

Article rédigé par franceinfo, Aurélien Colly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des étudiants en médecine à Paris, le 14 mars 2018. (MAXPPP)

Tout a commencé en octobre dernier, lorsque des étudiants de l’école militaire ont présenté des diplômes flambant neufs à leur hiérarchie, pour obtenir des promotions. Le problème : ils n’avaient jamais demandé d’autorisation pour suivre des cours universitaires en parallèle à leur formation militaire. Une enquête discrète est alors menée par leurs supérieurs. Des informations sont transmises au ministère de l’Education nationale. Et un vaste trafic de faux diplômes est mis au jour.

Ce trafic implique des hauts fonctionnaires et plusieurs universités privées. Deux d’entre elles se sont déjà vu infliger des amendes. Une troisième a vu son accréditation suspendue. Selon le journal L’Orient Le Jour, une quatrième structure privée aurait carrément été fermée. Et ce n’est que le début car semaine après semaine, l’enquête révèle l’ampleur du trafic.

Des arrestations de fonctionnaires

Du côté des universités impliquées, les présidents ont aussi été longuement interrogés par la police. Dans l’armée ensuite, plusieurs soldats ont déjà été renvoyés devant un tribunal militaire. Et puis au sein du ministère de l’Education nationale, quatre hauts fonctionnaires, dont la personne chargée de l’authentification des diplômes, sont sous les verrous. Sept autres personnes ont été arrêtées en début de semaine dernière, dans d’autres antennes du ministère dans le pays.

L’interpellation la plus médiatique a eu lieu il y a 15 jours. C’est celle du directeur du Conseil de l’Enseignement supérieur, soupçonné d’avoir reçu beaucoup d’argent pour couvrir ce trafic. Aucun acte d’accusation n’a encore été publié, mais plusieurs de ces personnes sont toujours en détention. Et le nouveau ministre de l’Education a été très clair : l’enquête va continuer, les fonctionnaires responsables seront jugés, les établissements reconnus coupable de fraude ou malversation perdront leurs licences.

Les Libanais désabusés

Dans le monde universitaire, c’est l’indignation. Ce scandale jette le soupçon sur tous le corps enseignant et même sur des services du ministère censés être irréprochables. Des voix soulignent aussi que ces affaires de corruption représentent un vrai danger pour la société libanaise, avec des recrutements de personnes incompétentes comme des faux ingénieurs ou des faux professionnels de santé. Une profonde injustice aussi, vis-à-vis de tous les étudiants qui ont obtenu, eux, leurs diplômes honnêtement, par le travail.

Pourtant, beaucoup de Libanais se disent peu surpris, en raison du niveau de corruption dans leur pays, en particulier dans la fonction publique. Beaucoup de Libanais sont d’ailleurs désabusés, en soulignant que ces scandales de corruption sont souvent dévoilés, avec des poursuites lancées, mais au final, peu de hauts responsables sont condamnés.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.