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Au Venezuela, l'artiste franco-britannique Seb Toussaint colore les rues d'un bidonville

L’artiste franco-britannique Seb Toussaint vient de quitter le Venezuela après un mois sur place. Ce muraliste a peint des fresques dans un quartier populaire dans le cadre de son projet "Share the Word". Un projet qui le fait voyager un peu partout sur la planète, dans des quartiers pauvres ou des camps de réfugiés.

Article rédigé par franceinfo - avec Benjamin Delille
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des fresques ont été peintes au Venezuela par l'artiste franco-britannique Seb Toussaint. Sur cette façade d'école primaire, le mot "compromiso" (engagement) symbolise celui de la directrice à offrir une éducation de qualité à ses élèves.  (BENJAMIN DELILLE/ RADIO FRANCE)

Share the word est un projet totalement autofinancé par l'artiste franco-britannique Seb Toussaint commencé il y a six ans. À raison d’un mois dans chaque quartier, trois fois par an, il a parcouru de nombreuses régions du monde avant l’Amérique du Sud, l'Asie, l'Afrique ou encore le Moyen-Orient.

II vient de terminer un mois à Petare. Il a orné les murs de ce quartier de Caracas au Venezuela, considéré comme le plus grand bidonville d’Amérique latine, de fresques colorées.

Peindre un mot choisi par un habitant du quartier sur chacune des fresques 

Le but de Seb Toussaint est en effet de donner de la visibilité à ces gens oubliés, leur donner un espace d’expression, et aussi les inciter à réinvestir leur quartier, un quartier difficile. Il faut savoir que le simple nom de Petare effraie généralement beaucoup de Vénézuéliens. Donc pour cela, il peint des mots, qu’il cache légèrement derrière des formes géométriques et des couleurs vives pour attirer l’attention des passants. Des mots simples comme "liberté", "union" ou encore "mémoire", mais qui en disent long sur le quartier, selon l’artiste. "Si on regarde tous les mots et les histoires qui vont avec les mots que les habitants ont choisi, on se rend compte quelle est l’histoire du quartier, quel est le présent du quartier et quel est l’avenir que les gens souhaitent ou les rêves ou les espoirs du quartier."

L'artiste franco-britannique Seb Toussaint a animé les rues de Petare au Venezuela de fresques colorées qui cache un mot choisi par un habitant. Sur l’épicerie du quartier, c’est le mot "Vida", (vie). (BENJAMIN DELILLE / RADIO FRANCE)

Une expérience de vie partagée

En fait, le projet est porté par les habitants. Déjà parce qu’ils choisissent les mots. Ensuite parce que Seb Toussaint vit avec eux, partage leur quotidien, les pénuries, les coupures d’eau et d’électricité. Et aussi parce qu’il les fait peindre avec lui. Shéhérazade par exemple, une adolescente, a participé à toutes les fresques : "Il m’a appris des techniques pour peindre, pour faire des lignes plus précises. Ça m’enchante parce que ça donne beaucoup de vie au quartier."   

C’est aussi ce que pense Kati, qui accueille l’artiste chez elle : "Ça permet à la communauté de s’intégrer et de s’emparer du quartier, de faire ce que personne ne fait pour nous. Parce qu’on est un peu oubliés du gouvernement. Il est temps que les habitants comprennent que le pouvoir est entre nos mains."

Marqué par la résilience des habitants

Seb Toussaint ne tire que du positif de son expérience vénézuélienne. Malgré l’extrême pauvreté qu’il a pu observer, il dit avoir été marqué par la résilience des habitants qui l’ont accueilli. "Il y a beaucoup de gens qui ont choisi de ne pas partir en Colombie, au Pérou ou de se réfugier ailleurs pour pouvoir construire le Venezuela de demain." 

Ce sont des gens qui y croient vraiment et qui sont prêts à passer par ces étapes très difficiles, de vivre dans un pays en grosse crise, pour pouvoir être les acteurs de demain.

Seb Toussaint

à franceinfo

Non seulement le projet a permis d’égayer un peu la vie difficile d’un quartier frappé de plein fouet par la crise, mais en plus, il a montré que ses habitants ne s’avouent pas vaincus et qu’ils sont prêts à aller de l’avant.  

Le mot "Amistad" (amitié) est peint sur un autre mur de l’école primaire. Un mot choisi par un ancien membre de gang en hommage à tous ses amis morts, partis, et à ceux qui continuent de l’entourer.  (BENJAMIN DELILLE / RADIO FRANCE)

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