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Canada : retour sur la douloureuse histoire de la scolarisation forcée des autochtones

Une commission vérité et réconciliation vient de rendre ses travaux sur un passé douloureux au Canada : la scolarisation forcée de 150.000 enfants amérindiens et inuit. Cette pratique a duré plus d’un siècle, jusqu’en 1970.
Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Tinetiqilaaq, village inuit du Groenland © maxppp)

 7.000 survivants ont été entendus par les commissaires, et leur jugement est sans appel : les autorités de l’époque se sont livrées à un génocide culturel. L’objectif était d’éradiquer la culture indienne et inuit. De 1870 à 1970, les enfants amérindiens et inuit étaient emmenés de force dans des pensionnats souvent religieux. Loin de leur famille et de leur peuple, on les obligeait à parler anglais ou français, à adopter les mœurs canadiennes, et lorsqu’ils revenaient chez eux l’été, ils avaient souvent oublié leur langue. Un nombre important d’enfants étaient battus, violés, agressés dans ces lieux d’éducation, et certains y ont perdu la vie.

Cette histoire a longtemps été cachée au sein même des communautés autochtones. Certains enfants, aujourd’hui adultes, ont découvert justement à l’occasion de ces témoignages devant la commission vérité et réconciliation que leurs parents avaient fréquenté ces lieux de cauchemar. Ils ont alors souvent mieux compris les difficultés vécues au sein de leur famille. La commission a très bien mis en lumière la perte d’identité des enfants autochtones durant leur scolarisation et tous les problèmes que cela a entraîné. Les services sociaux prennent d’ailleurs beaucoup plus en charge des mineurs dans les communautés autochtones que dans le reste de la population.

Des préconisations suivies d'effet ? 

Les commissaires suggèrent 94 recommandations et notamment de mener une enquête sur les près de 1.200 femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada au cours des dernières décennies. La violence qui règne au sein des communautés, et celles que les femmes autochtones subissent à l’extérieur des réserves trouve une partie de son origine dans la perte d’identité subie dans ces pensionnats. Il faut donc que les Canadiens aujourd’hui soient au fait de cette réalité, que les écoliers l’apprennent en classe. Plusieurs des recommandations portent d’ailleurs sur l’amélioration de l’éducation comme arme de réinsertion massive.

Malheureusement, si l’on se fie sur l’histoire des autres commissions d’enquête sur les autochtones au Canada, ce rapport court un risque sérieux de prendre la poussière sur une quelconque étagère : un volumineux rapport sur la question paru en 1996 n’a donné naissance à un plan d’action du gouvernement que dix ans après sa parution. Aujourd’hui, tout repose sur la bonne volonté du parti qui arrivera au pouvoir en octobre prochain.

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