Cet article date de plus de six ans.

Coupe du monde de football : comment l'équipe de Suède est devenue un symbole de la lutte contre le racisme

La Suède, en lice pour les 8es de finale de la Coupe du monde de football, suit de près son équipe, devenue en quelques jours, une référence de la lutte contre le racisme.

Article rédigé par franceinfo - Anne-Françoise Hivert
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jimmy Durmaz prend la parole devant ses coéquipiers le 24 juin, pour dénoncer les insultes racistes dont il est victime sur internet.  (MAXIMILIAN HAUPT / DPA)

La Suède affronte la Suisse en 8e de finale de la Coupe du monde, mardi 3 juillet, et rêve de poursuivre la compétition. Au-delà du défi sportif, l'équipe suédoise est remarquée pour son engagement en faveur de la lutte contre le racisme. 

Un coup franc déclenche une salve raciste

Tout a commencé le 23 juin dernier lors du match Suède-Allemagne, en phase de poule de la Coupe du monde de football. Un coup franc est provoqué par le milieu de terrain Jimmy Durmaz, joueur suédois du Toulouse FC, à la 94e minute de jeu. Le score est de 1-1. L'Allemand Toni Kroos marque et le match se termine par une défaite suédoise. Le compte Instagram de Durmaz est alors pris d'assaut. Plusieurs milliers de messages en quelques heures, dont des centaines de commentaires haineux. Le joueur dont la famille est d'origine assyrienne, est traité de "traître à sa patrie", "impropre à porter les couleurs de la Suède". Certains internautes exigent même qu'il retourne dans son pays, lui qui est né à Örebro, à l'ouest de Stockholm. Le lendemain, la fédération suédoise de football a porté plainte. 

Une ministre en maillot de football au Parlement 

Ce genre de commentaires n'est malheureusement pas nouveau, mais la riposte qui a suivi est différente. Des milliers de messages de soutien ont été envoyés sur le compte du joueur. Les internautes ont affiché la photo de Durmaz sur leurs profils. La ministre des Affaires sociales suédoise s'est présentée au Parlement avec le maillot du milieu de terrain pour répondre aux questions des députés. 

C'est surtout la réaction de l'équipe qui surprend. Le lendemain du match, pour la conférence de presse, les joueurs et le staff au grand complet accueillent les journalistes sur la pelouse du stade de Gelendzhik, en Russie, le camp de base des Suédois pour le Mondial. Les visages sont fermés, les bras croisés, tous derrière Jimmy Durmaz. Le milieu de terrain prend la parole. Il évoque les menaces contre sa femme, ses enfants et contre sa vie. Puis il lâche: "Je suis Suédois et c’est avec fierté que je porte le maillot et le drapeau suédois !" 

"Fuck racism", lancent ses coéquipiers, avant de reprendre l’entraînement. On les dit plus unis que jamais. Trois jours plus tard, ils battent le Mexique 3-0.

Le débat identitaire agite la Suède 

Cet incident est très révélateur du débat dans le pays, à deux mois des prochaines élections législatives. Rarement, la société suédoise aura été autant polarisée, avec une crispation autour de la question identitaire. Fin juin, un éditorialiste du grand journal Svenska Dagbaldet proposait ainsi d’inventer un nouveau terme pour désigner les Suédois d’origine étrangère. Une semaine plus tôt, Björn Söde, un des leaders de l’extrême-droite, estimait que ni les Juifs ni les Samis, le peuple autochtone du nord de la Scandinavie, n'étaient des Suédois. Il est depuis quatre ans vice-président du Parlement, et son parti est donné à plus de 20% dans les sondages, avant le scrutin du 9 septembre prochain. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.