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Covid-19 : en Inde, des habitants basculent dans la pauvreté en raison du coût des soins de santé

De nombreuses dépenses de santé ne sont pas prises en charge dans le pays, ce qui en temps de pandémie à des conséquences désastreuses. 

Article rédigé par Sébastien Farcis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un médecin aide un patient atteint du Covid-19 à l'hôpital NSSCB de Jabalpur, le 20 mai 2021. (UMA SHANKAR MISHRA / AFP)

Un rapport de l’organisation mondiale de la santé (OMS) révèle que 4,2% de la population indienne, soit plus de 50 millions de personnes, tombe chaque année dans la pauvreté à cause de dépenses de santé trop élevées. Les Indiens doivent en fait assumer les deux tiers de leurs dépenses médicales, c’est quatre fois plus que la moyenne des pays d’Europe et d’Asie centrale, et ils ne bénéficient pas tous d’une assurance de santé adéquate.

L’Inde a beau figurer parmi les pays les plus riches du monde en termes de PIB, l'État providence fait grandement défaut. Seulement 3,4% de ses dépenses publiques sont consacrées à la santé, ce qui, en temps de pandémie, se révèle désastreux. Cette situation a été particulièrement criante en mai dernier, quand le variant Delta du Covid-19 a frappé le pays. Les hôpitaux étaient totalement débordés, et les malades mourraient parfois sur le pavé.

Des soins très onéreux dans le secteur privé

Shaikh Aziz Rahman est un journaliste indépendant à Calcutta. Avant la pandémie, il gagnait relativement bien sa vie, sans pouvoir pour autant économiser beaucoup ni prendre d’assurance privée. Quand il est tombé gravement malade à cause du Covid-19, en juin dernier, il a voulu aller dans un hôpital public, où les soins sont très bon marché, mais les hôpitaux étaient submergés. Il est donc allé dans le privé. "J’étais en soins intensifs, ce qui est très cher mais m’a sauvé la vie, explique Shaikh Aziz Rahman. 

J’ai passé 3 semaines à l’hôpital, ce qui a couté environ 7000 euros. Nous n’avions pas autant d’argent."

Shaikz Aziz Rahman, journaliste indien

à franceinfo

"Ma femme a dû vendre tous ses bijoux et emprunter plus d’argent, reprend le journaliste, aujourd’hui, j’ai perdu 30 kg et ne peux pas travailler, ce qui m’angoisse terriblement car nous n’avons plus d’argent." Ce manque d’investissement dans la santé a un impact sur l’espérance de vie. Un Indien qui nait aujourd’hui vivra en moyenne 71 ans, ce qui est moins longtemps que dans le Bangladesh voisin, pauvre et surpeuplé. Ce sous-investissement contribue à maintenir l’Inde dans le cercle des pays les plus inégalitaires du monde: les riches qui peuvent se payer des soins en hôpitaux privés se portent bien, les autres souffrent et meurent plus jeunes.

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