Covid-19 : en Suisse, un boîtier qui vibre pour obliger à garder les distances de sécurité entre collègues
Les 11 000 personnes qui travaillent à l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern), doivent garder sur eux un proximètre. Le petit boîtier bleu vibre dans la poche dès que les deux mètres de distance ne sont pas respectés.
Les physiciens dOrganisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern) connaissaient déjà le "dosimètre" pour mesurer la radioactivité dans leurs laboratoires. Avec la pandémie de Covid-19, ils doivent désormais composer avec un "proximètre". C'est la solution trouvée par le Cern, à la frontière franco-suisse, pour vérifier que ses employés respectent bien les distances de sécurité.
Dit comme ça, le proximètre, ou capteur de proxilmité, a l'air assez intrusif. On est pourtant loin d'une technologie à la Big Brother. Vous communiquez davantage de données personnelles sur les réseaux sociaux qu'en portant cet appareil. Il s'agit simplement d'un petit boîtier bleu, de la taille d'une carte de crédit, mais en beaucoup plus épais. Tous les employés du CERN sont tenus de l'avoir sur eux en permanence.
Christophe Delamare, chef de l’unité Santé et sécurité au travail au Cern, détaille ainsi le fonctionnement du boîtier : "Si les collaborateurs sont à moins de deux mètres les uns des autres pendant plus de trente secondes, le boîtier va vibrer, les gens vont s'écarter assez naturellement. Cette information est gardée et elle peut servir à notre service médical en cas de traçage de contacts."
Le proximètre mémorise les cas contacts
Le principe n'est pas nouveau. Ce genre d'appareil existe déjà sur des chantiers pour prévenir les ouvriers quand ils sont trop près d'une zone à risque. Il n'est pas question de géolocaliser les employés, simplement d'aider l'équipe médicale a mieux détecter les nouveaux cas de Covid. Il y en a une dizaine a peu près chaque semaine au Cern, affirme Christophe Delamare :"Sans proximètre, c'était un entretien avec une personne malade en disant : 'Avez-vous une idée des personnes avec lesquelles vous avez été en contact ?' C'était essentiellement basé sur le témoignage, la mémoire. Là évidemment c'est plus facile dans le sens où il y a une application qui sort la liste des contacts à risque." Le boîtier fonctionne bien, il a déjà servi à identifier plusieurs cas contacts.
Le proximètre est obligatoire pour les plus de 11 000 personnes qui travaillent au Cern. C'est le cas de Jacques et Rachel, qui discutent à la cafétéria : "Voilà je suis à plus d'1,95 m [le boîtier vibre], il rappelle que nous ne sommes pas à moins de deux mètres l'un de l'autre, décrit Jacques. Ce n'est pas plus compliqué qu'un smartphone qui vibre dans la poche quand on sonne. Au début, les smartphones étaient gênants quand ça sonnait en public mais aujourd'hui on est habitués".
"Au départ, ça fait un peu bizarre, parce que ça vibre si on est trop proches, mais ça nous entraîne aussi à mieux savoir garder les distances. Et j'ai remarqué que je ne me mets pas trop près des gens, maintenant."
Rachel, salariée du Cernà franceinfo
Un appareil qui enregistre les contacts prolongés en cas de traçage, ça vous rappelle sans doute quelque chose. C'est tout simplement ce que font les applications anti-Covid sur smartphones. La France en a une, TousAntiCovid. La Suisse aussi. Les employés du Cern, qui vivent à cheval sur la frontière, ont été invités à les utiliser. Le proximètre, avec son aspect très pratique, n'est pas là pour les concurrencer. Plutôt pour les compléter. Mais le vrai test pour ce petit boîtier, ce sera sans doute au moment du retour des collaborateurs du Cern qui sont aujourd'hui en grande partie en télétravail.
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