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En Autriche, un réfugié indien rachète et rénove le foyer qui l'avait accueilli adolescent

Sukhdeep Singh est arrivé en Autriche à l'âge de 17 ans. Aujourd'hui trentenaire, il veut réhabiliter l'immeuble où il a vécu six ans avec des jeunes venus du monde entier. Une partie des appartements sera réservée aux plus précaires, notamment des réfugiés.

Article rédigé par franceinfo, Isaure Hiace
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Sukhdeep Singh, qui a quitté son Inde natale à 17 ans, en 2003, se tient devant le foyer qui l'a accueilli à son arrivée en Autriche, près de Vienne, le 22 janvier 2021.  (ALEX HALADA / AFP)

Sukhdeep Singh, réfugié indien, trentenaire désormais bien établi en Autriche, souhaite en quelque sorte rendre la pareille. En 2003, il quitte son Inde natale à l’âge de 17 ans et entreprend seul un long et difficile périple qui le mènera jusqu’à l’Autriche. L'adolescent arrive alors dans un foyer d’accueil situé à Hirtenberg au sud de Vienne. Il y vivra six ans avec une cinquantaine de mineurs non accompagnés venus du monde entier. Ces six années furent parfois difficiles mais lui ont permis d’apprendre la langue et la culture autrichienne, grâce aux efforts des travailleurs sociaux et enseignants qu’il y a fréquentés. Sukhdeep parviendra finalement à intégrer le système scolaire autrichien jusqu’à obtenir un diplôme universitaire.

Aider les autres et perpétuer l'héritage de son mentor, un juif autrichien

Aujourd’hui trentenaire, chef de projet et père de trois enfants, il n’a pas hésité à racheter cet immeuble afin, dit-il, d’en conserver l’esprit. Après la rénovation de l'immeuble, il souhaite réserver une partie des logements à des réfugiés. La plupart des 16 appartements seront loués au prix du marché pour lui permettre de rembourser le crédit qu’il a contracté pour ce rachat. Mais une partie sera en effet dédiée aux personnes précaires dont des réfugiés. Ceux-ci paieront ce qu’ils peuvent en guise de loyer. Une évidence pour Sukhdeep Singh : "Je veux soutenir les personnes dans le besoin car j’ai moi-même été dans cette situation. Et je veux leur montrer qu’ils peuvent s’en sortir même lorsqu’un pays ne leur donne pas toutes les chances."

C’est très important pour moi et j’espère que le pays regardera cela et que le système d’intégration s’améliorera pour que les gens aient une réelle chance.

Sukhdeep Singh

à franceinfo

Une partie de l’immeuble est déjà habitée, les travaux, eux, devraient être totalement finis à la fin du mois de mai. C’est pour Sukhdeep Singh une manière de perpétuer l’héritage de son mentor, un acteur juif autrichien. Otto Tausig, aujourd’hui décédé, a financé en partie ce foyer afin qu’il accueille des exilés. Lui qui avait dû fuir les nazis dans sa jeunesse a dédié une partie de sa vie aux réfugiés. 

Otto Tausig a parrainé les études de Sukhdeep Singh et c’est son héritage que ce dernier veut perpétuer. "Il aidait tous les hommes, peu importe leur religion. Il m’ a appris à être conscient de ce que l’on a, de ce que la vie nous a offert et à donner aux autres, confie le trentenaire. J’ai suivi ce principe et à mon tour j’ai commencé à aider les gens en donnant ce que je pouvais."

Sukhdeep Singh a d’ailleurs choisi de garder le nom donné à ce foyer par Otto Tausig, celui de sa grand-mère, Laura Gatner, morte comme des millions d’autres dans des camps nazis.

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