En direct du monde. Au Liban, des femmes manifestent contre la pollution
Une manifestation contre la pollution s'est tenue samedi à Beyrouth pour réclamer des mesures pour améliorer la santé des habitants.
Plusieurs centaines de femmes ont manifesté samedi 17 novembre dans le centre-ville de Beyrouth, au Liban, pour la protection de l'environnement. Elles ont dénoncé l'inertie de la classe politique, qui selon elles ne fait pas assez contre la pollution. Au Liban, malgré une côte magnifique et de belles plages, de nombreux habitants ne se baignent plus dans la mer à cause des déchets. Sur les réseaux sociaux, les images de rivières de plastique ou du nuage de pollution au-dessus de Beyrouth alimentent la colère.
Suleima a manifesté samedi. Elle est venue comme maman, mais aussi comme biologiste. "Tout l'environnement a été détruit en quelques décennies. Notre santé est en danger, nous avons un taux de cancer qui est parmi les plus élevés au Moyen-Orient. Nous avons de l'asthme, des maladies pulmonaires chroniques. Nous sommes dans une situation d'urgence, nous ne pouvons pas continuer comme ça", alerte la scientifique.
900 décharges à ciel ouvert
D’après ces mamans en colère, les autorités libanaises sont conscientes du problème mais elles ne font rien, ou elles le font mal. C’est en partie lié à l’histoire du Liban. Depuis la guerre civile, l’État est faible, miné par les tractations, les compromis entre les partis confessionnels, les intérêts communautaires et les intérêts privés. Et le traitement des ordures par exemple a été confié à des sociétés privées avec un résultat catastrophique.
Selon le ministère de l’Environnement, il y a aujourd’hui quelques 900 décharges à ciel ouvert dans le pays, où les déchets ne sont pas triés et finissent soit brûlés sans aucun contrôle, soit enfouis, parfois même dans le cadre de projets immobiliers pour gagner des terrains sur la mer.
Pour la députée Paula Yacoubian, qui manifestait aussi samedi, la classe politique est complice. "Il n'y a pas d'État aujourd'hui, et l'État qu'il y a, ce sont des mafieux. Cette pollution, ça vient de la corruption de cette classe politique féodale qui veut seulement faire des deals aux dépens de notre santé et de nos vies. Aujourd'hui, on dit, 'la santé de nos enfants, c'est une ligne rouge.'"
Une première loi votée pour l'environnement
Cette mobilisation a eu un peu de couverture médiatique au Liban, mais les habitants sont résignés, enfermés aussi dans des votes communautaires qui empêchent un renouvellement de la classe politique. En septembre, la première loi sur la gestion des déchets a quand même été votée. Mais elle donne la priorité à l’incinération industrielle, or ces mamans n’ont confiance ni dans les sociétés qui exploiteront ces incinérateurs, ni dans les autorités chargées de les contrôler.
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