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En direct du monde. Au Liban, un graffiti géant sur les toits de Tripoli pour pacifier les quartiers

Au Liban, deux artistes ont peint le mot "paix" en graffiti géant sur les toits d'immeubles de Tripoli. L'objectif est d'envoyer un message positif à propos du Liban. 

Article rédigé par Laure Stephan
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les artistes Mohamed et Omar Kabbani ont écrit le mot "paix" en arabe sur le toit de 80 immeubles de Tripoli. (HANDOUT / ASHEKMAN)

Au Liban, un rêve de paix prend forme. Depuis septembre, un duo d’artistes a peint le toit des immeubles de deux quartiers sensibles de Tripoli, une ville située au nord de Beyrouth, sur la côte méditerranéenne. Dans ces quartiers, le bruit des armes a longtemps plongé les habitants dans l’enfer. Le résultat, dévoilé le 17 octobre par les frères jumeaux à l'origine de l'œuvre, est un graffiti géant qui représente le mot "salam" ("paix" en français).

Envoyer un message positif sur le Liban

Le graffiti géant, de couleur verte, recouvre plus de 80 immeubles dans les quartiers de Bab el-Tebbeneh et Jabal Mohsen, deux zones de Tripoli dont les façades sont criblées d'impacts de balles et d'obus. Ces faubourgs pauvres ont connu de nombreux cycles d'affrontements depuis la guerre civile. Entre 2011 et 2014, des combats fratricides ont ensanglanté ces quartiers, alimentés par la guerre voisine en Syrie, et les ont laissé exsangues. Signe que tout reste fragile, l’armée est massivement déployée dans cette zone.

L'objectif des artistes à l'origine de cette oeuvre est donc d'envoyer un message positif à propos du Liban, dont on parle trop souvent pour les crises politiques ou sécuritaires. Écrire "paix" le long de la rue de Syrie, ancienne ligne de démarcation, c’est évidemment un symbole très fort. Le travail s’est fait avec les habitants. Il a fallu déblayer les toits parfois jonchés d’ordures. Ces même toits avaient été utilisés, au plus fort de la violence, par des snipers.

Une œuvre créée par deux enfants de la guerre

À l'origine de ce projet, des frères jumeaux, Omar et Mohamed Kabbani. Leur studio, Ashekman, s’est déjà rendu célèbre à Beyrouth en réalisant des fresques murales ou des portraits d’icônes de la musique libanaise, par exemple. Ils sont de la génération qui a connu la guerre enfant et qui a appris à dessiner à la bougie, dans les abris où les habitants trouvaient refuge lors des bombardements, disent-ils. 

Le street art, l’art urbain, est en pleine expansion au Liban. Mais est-ce vraiment une priorité à Tripoli ? Au quotidien, les problemes des habitants sont le chômage et la pauvreté. Mais ils ont aussi été longtemps stigmatisés, isolés et associés a la violence. Depuis 2014, plusieurs projets de réconciliation ont ainsi pris forme, promus par la société civile ou par des humanitaires. Ici, c’est une pièce de théâtre sur la violence qui a été montée, là une cuisine collective, pour nourrir les plus démunis et créer des emplois. Désormais, il y a donc aussi ce graffiti géant. Une autre manière de changer le visage de ces quartiers.

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