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En direct du monde. Au Pérou, une banque de données génétiques pour identifier les dépouilles des disparus

Plus de 20 000 Péruviens ont disparu de 1980 à l’an 2000, alors que l’Etat péruvien luttait contre les mouvements de guérilla du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru.

Article rédigé par franceinfo, Eric Samson
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Martin Vizcarra, le président péruvien, à Lima, le 5 juin 2018. (CRIS BOURONCLE / AFP)

Plus de 20 000 Péruviens, essentiellement indigènes de la région andine du pays, ont disparu de 1980 à l’an 2000. A l’époque, l’Etat péruvien luttait contre les mouvements de guérilla du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru. Pris entre deux feux lors de cette guerre sale, des milliers de personnes ont disparu. Des fosses comunes sont parfois découvertes mais plus le temps passe, plus il est difficile d’identifier les dépouilles.

Comparer les données avec les restes osseux des cadavres 

D’où la récente création d’une banque de données génétiques. Il s'agit d'une demande ancienne des familles de disparus qui les recherchent depuis parfois plus de 30 ans. Stocker les données génétiques des enfants, parents, grand-parents des disparus permettrait de les comparer avec les restes osseux des cadavres qui continuent d’être retrouvés, notamment dans les Andes. Parfois ce n’est pas nécessaire. Les familles reconnaissent des vêtements, un bijou, un souvenir qui permet de mettre un nom sur le cadavre. Mais très souvent il n’y a rien. D’où l’importance de cette banque de données génétiques. Selon l’Association nationale des familles de détenus séquestrés et disparus, il est d’ailleurs plus que temps…

Parce que le temps ne passe pas en vain et que les parents, grand-parents des disparus se font vieux. Beaucoup sont morts. C’est le cas notamment d’Angélica Mendoza, alias Maman Angélica. Cette femme indigène était l’emblême de cette lutte, C’est elle d’ailleurs qui a fondé l’Association nationale des familles de détenus séquestrés et disparus. Mama Angélica est morte il y a un peu plus d’un an sans jamais avoir retrouvé son fils. Aujourd’hui, la nouvelle présidente de l’association se veut optimiste. Pour elle, la banque de données génétiques va permettre d’accélérer l’identification des dépouilles déjà retrouvées et celles qui le seront dans le futur.

Enterrer les morts pour commencer le deuil

Dans un pays encore très catholique, les familles veulent absolument enterrer les leurs pour pouvoir commencer leur deuil. Pour le président péruvien Martin Vizcarra, la promulgation de la loi ne fait que reconnaître le courage et l’opiniatreté des familles. Il leur a d’ailleurs rendu hommage et mis l’Etat à leur disposition pour rechercher les quelques 15 000 fosses comunes où, selon les autorités, reposent toujours les corps de victimes de l’époque de la violence au Pérou.

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