En direct du monde. Au Sénégal, omerta sur les cas de harcèlement et de violences sexuelles dans plusieurs collèges
L'ONG Human Rights Watch fait état jeudi de cas de harcèlement, d'agressions sexuelles, voire de viols par des enseignants sur des mineures dans plusieurs collèges du pays. Face à cette situation, famille et communauté font tout pour étouffer l'affaire.
Au Sénégal, un rapport de l'ONG Human Rights Watch révèle, jeudi 18 octobre, des cas de harcèlement et de violences sexuelles dans plusieurs collèges du pays. Les auteurs décrivent de très jeunes filles abusées par des enseignants qui font jouer leur autorité. Elles ont entre 12 et 18 ans et sont devenues au fil du temps les proies de leur professeur.
Le rapport décrit des situations de harcèlement avec des gestes déplacés, des phrases à connotation sexuelle. Ces comportements peuvent aller jusqu’à une "relation", selon le terme utilisé par les jeunes filles. Des relations sexuelles, parfois pendant de très longues durées. Une des victimes interrogées dit même être tombée enceinte à la suite d’une telle "relation" avec son enseignant. Elle a depuis arrêté ses études. Il faut dire que la pratique a eu lieu sous la contrainte, et s’apparente donc à un viol.
Un secret de polichinelle
Dans les cas évoqués par Human Rights Watch, les victimes sont bien seules face à leur agresseur. Les jeunes filles se sentent honteuse, car dans la classe tout le monde sait, mais personne ne dit rien. La famille et la communauté dans le quartier font tout pour étouffer l’affaire le plus souvent ou régler le différend en dehors de tout cadre légal, par simple échange d’argent.
La loi du silence, c’est vraiment ce qui prévaut au Sénégal d’après Cheikh Dieng. L’homme gère une association de prévention en banlieue de Dakar : "C'est un pays paradoxal, explique-t-il. Le grand problème aujourd'hui que les organisations de la cellule sont confrontés, c'est le problème de la dénonciation. Les gens ne dénoncent pas, même en milieu familial ou en milieu scolaire. C'est pour ça qu'aujourd'hui, nous avons d'énormes problèmes pour avoir des indicateurs figés, pour avoir pour avoir vraiment la réalité de ce qui se passe."
Des mesures prises par le gouvernement
Certains programmes ont été menés pour faire changer les mentalités. Afin, par exemple, de faire comprendre que le viol et les agressions sexuelles sont graves, que c’est l’agresseur qui doit être jugé et pas le comportement supposé de la victime. Il y a encore cette image de la femme tentatrice donc coupable dans le pays. Mais ces programmes restent très anecdotiques, car dépendant de financements essentiellement fournis par des bailleurs de fonds.
Un autre obstacle n’encourage pas les victimes et les familles à briser l’omerta. En cas de faits avérés, l’ONG assure que les sanctions pénales et administratives sont rarement prises. Impossible enfin de quantifier le phénomène précisément et c’est un obstacle pour des politiques publiques efficaces. En théorie, un enseignant auteur d’un viol est passible de 10 ans d’emprisonnement au Sénégal.
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