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En direct du monde. En Russie, les intégristes orthodoxes en veulent au film "Matilda"

Les ultras-orthodoxes russes continuent de manifester pour empêcher les spectateurs russes d’aller voir "Matilda". Film qu’ils considèrent comme blasphématoire.

Article rédigé par franceinfo - Claude Bruillot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Bande annonce du film "Matilda". Le Tsar Nicolas II tombe amoureux d'une ballerine. (CAPTURE D'ÉCRAN "Matilda")

La polémique se poursuit en Russie autour du film Matilda  qui raconte la liaison entre le dernier tsar Nicolas II et une ballerine. Les ultras-orthodoxes continuent de manifester pour empêcher les spectateurs russes d’aller voir ce film qu’ils considèrent comme blasphématoire.


Après plusieurs villes en région, comme Saint-Petersbourg ou Ekaterinbourg , mercredi 25 octobre, c’était au tour de Moscou, où le film a été malgré tout diffusé pour la première fois, d’être le théâtre de ces protestations.

Il y a eu des heurts mercredi soir dans le centre de Moscou pour l’avant-première du film. Sept personnes ont été arrêtées. Pourtant depuis le début de cette colère des ultra-orthodoxes, le Kremlin, qui a défendu le film et son auteur, croyait avoir anticipé d’éventuelles manifestations, en procédant à l’interpellation de certains meneurs et en instaurant des mesures de sécurité renforcées. Visiblement cela n’a pas suffi et il est probable que de nouvelles protestations contre la diffusion de Matilda se déroulent encore ce jeudi, qui constitue en fait le véritable jour de sortie en salle du film, dans l’agglomération de Moscou.

Un adultère impensable pour le "saint tsar"

Les traditionnalistes extrêmes ont plusieurs reproches à faire à ce film. Deux choses évidentes à leurs yeux : la relation amoureuse entre Nicolas II et Matilda, cette ballerine désormais célèbre, n’aurait jamais eu lieu, selon eux et surtout, cette romance se transforme en blasphème car Nicolas II, qui a été canonisé, qu’on appelle ici le "Saint Tsar" est considéré comme un martyr par l’Eglise orthodoxe. Le réalisateur Alexei Outchitel a eu beau plaider pour la défense de son œuvre, l’hostilité des milieux ultra-orthodoxes n’a fait qu’augmenter, avec incendie de voiture d’un côté et menaces de mort de l’autre.

Le climat est tellement négatif que deux grands complexes cinématographiques de Moscou ont fini par céder et ne diffusent pas le film. Jusque-là, la censure culturelle venait, plus ou moins explicitement, du pouvoir, cette fois, elle vient d’en bas, d’une partie de la rue, sans que l’on sache d’ailleurs réellement si le patriarcat de Moscou condamne ou non ses manifestations extrêmes. 

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