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En direct du monde. Pour la première fois en Afghanistan, des raids américains ciblent des labos d’héroïne

En Afghanistan, les Etats-Unis ont mené pour la première fois, le 20 novembre, des raids aériens pour viser des laboratoires de production d’héroïne, principale source de revenus des talibans.

Article rédigé par franceinfo - Sonia Ghezali
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le général John Nicholson qui dirige les troupes américaines en Afghanistan lors de sa conférence de presse à Kaboul le 20 novembre 2017. (SHAH MARAI / AFP)

En Afghanistan, premier producteur mondial de pavot, les Etats-Unis ont mené,  dans la nuit du 19 au 20 novembre, des raids aériens inédits sur des laboratoires de production d’héroïne, principale source de revenus des talibans. Ils produisent 85% de l’héroïne dans le monde.

La production a doublé cette année

Il y a moins d’une semaine, un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime révélait que la production d’opium avait doublé cette année par rapport à 2016, atteignant 9 000 tonnes. Une "nouvelle stratégie" de lutte contre le trafic de drogue est désormais en place, a voulu faire savoir le général américain John Nicholson, à la tête de l’Otan en Afghanistan, alors qu’après 16 ans de présence militaire dans le pays, tous les voyants sont au rouge.

Ces raids conduits contre des infrastructures appartenant aux talibans sont une première : si l’armée afghane conduit des opérations d’éradication de champs d’opium dans le cadre de la lutte anti-narcotique, les Américains déployés sous la bannière de l’Otan n’y avaient jamais pris part. Les Etats-Unis ont tenu à communiquer sur le sujet. Ils ont convoqué la presse pour annoncer ce tournant dans la lutte anti-drogue.

Des raids conduits par un bombardier B-52

Devant un parterre de médias locaux et internationaux, le général américain John Nicholson, avec à ses côtés le ministre afghan de la Défense, a présenté les images aériennes des raids menés contre des laboratoires de transformation d’opium en héroïne. Trois vidéos ont été ainsi projetées avec les explications du chef des troupes américaines en Afghanistan : "Voici un autre raid conduit par un bombardier B-52 sur des laboratoires de production de drogue taliban avec plus de 50 barils d’héroïne produite", explique-t-il.

Huit laboratoires ont été détruits dans le Helmand, a-t-il annoncé. C’est dans cette province située dans le sud du pays qu’est cultivée près de la moitié du pavot afghan. Une région majoritairement sous le contrôle des talibans à qui le trafic de drogue rapporterait environ 200 millions de dollars.

"Les Etats-Unis ne s’arrêteront pas là"

Ces raids apparaissent comme un tournant dans la lutte anti-narcotique dans le pays. C’est du moins ce qu’a voulu faire comprendre le général John Nicholson, qui a clairement souhaité envoyer un message aux insurgés talibans qui contrôlent plus de 40% du territoire en Afghanistan. "Les Etats-Unis ne s’arrêteront pas là",  a insisté John Nicholson. "Il y aura d’autres raids de ce genre, cela va continuer, a poursuivi le militaire. La drogue représente la principale source de revenus pour les talibans. Leurs combats sont motivés par leur objectif qui est de contrôler les zones de production, les champs d’opium, et de forcer les fermiers à en cultiver". 

Les fermiers "pas visés par les frappes"

"Ces fermiers sont des victimes", a répété à plusieurs reprises le général, assurant qu’ils ne seront pas visés par les frappes américaines, autorisées par la nouvelle stratégie de la Maison Blanche en Afghanistan, motivées par l’incapacité des autorités afghanes à lutter contre le trafic de drogue.

Dans un récent rapport, l’ONU révélait que la production d’opium avait doublé en 2017 par rapport à l’année dernière. C’est sans compter la multiplication des laboratoires de transformation d’opium en héroïne : ces derniers permettent de vendre directement le produit fini à l’étranger et offrent aux talibans de meilleurs revenus, outre les taxes prélevées sur les fermiers qui cultivent l’opium, dont le nombre n’a jamais été aussi élevé.

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