En Espagne, ambiance tendue autour du repas de Noël du Parti Populaire
Faut-il ou ne faut-il pas maintenir le traditionnel repas de Noël face à la propagation du variant Omicron ? En Espagne, la question provoque de vives tensions entre la direction du Parti Populaire ,de droite, et la cheffe de la région de Madrid, qui n'ont pas attendu d'être autour de la table pour soulever les sujets qui fâchent.
Chaque année, il est de coutume en Espagne que les entreprises organisent des diners de Noël tout au long du mois de décembre. Une tradition très ancrée : l'entreprise ou les employés réservent un restaurant, on mange, on boit, les plus solides enchainent sur des cocktails ou sur une boîte de nuit. Cette année, avec la vague de contamination au variant du Covid-19 Omicron, beaucoup de ces repas sont annulés ou aménagés.
Il y a d’abord beaucoup d’entreprises qui annulent purement et simplement, notamment les grosses sociétés qui prévoyaient de réunir de grands groupes de salariés. C'est le cas des banques BBVA, Santander, Caixa, des groupes d’électricité, des entreprises de BTP qui ont décidé de supprimer jusqu'au partage d'une coupe de champagne. Selon la fédération d’hôtellerie-restauration, 40 à 50% de ces festivités ont été annulées cette année. Quant à ceux qui maintiennent leurs réservations, ils changent parfois la configuration : moins d’invités, plus de tables et d’espace, cocktail au lieu de dîner, ou rendez-vous à l’extérieur, en terrasse chauffée par exemple.
Le repas de Noël, symbole des tensions au Parti Populaire
En dehors de ces cas d’entreprises, d’autres organisations sont concernées par cette question. C'est le cas du Parti Populaire, la grande formation de la droite espagnole, qui se dispute pour savoir si l'on doit trinquer ensemble à Noël. Depuis quelques mois il y a une guerre interne entre le président du parti, Pablo Casado, et la présidente de la région de Madrid, la médiatique et polémique Isabel Díaz Ayuso. Cette dernière, très populaire parmi les militants, a une fâcheuse tendance à voler la vedette au patron.
Les deux se disputent en règle générale par lieutenants interposés, souvent sur des questions internes, des dates de congrès, ou le règlement des primaires. Cette fois, c'est le dîner de Noël qui s'invite dans les débats. Diaz Ayuso, qui a toujours défendu une politique d’ouverture face au Covid-19, a voulu maintenir cet événement, pendant que Pablo Casado répète qu'il n’en est pas question. L'esprit de Noël, la fameuse "trêve des confiseurs", n'a pas permis de calmer les tensions, après la décision de Pablo Casado d'annuler unilatéralement l'événement.
"Cela va à l'opposé de la politique sanitaire que nous avons défendue"
"Je ne peux pas organiser ce dîner, parce qu’on me l’a interdit, s'est plainte Isabel Díaz Ayuso, et je respecte la hiérarchie. Mais qu’il soit bien clair que cela va à l’opposé de la politique sanitaire que nous avons défendue dans la région de Madrid." Ce à quoi la direction nationale a répondu qu’elle ne faisait pas autre chose que d’appliquer les mêmes règles de prudence que quasiment toutes les entreprises du pays. Pour enfoncer le clou, le président du PP a lui-même répondu sans prendre de pincettes.
"Je ne m’occupe pas de ces sujets. Ce que je peux dire, c’est qu’hier 100 personnes sont mortes du Covid. C’est une réalité dramatique qu’il est bon de rappeler de temps en temps."
Pablo Casado, président du Parti Populaire
On pourrait presque croire à une dispute, à la veille de Noël, entre Pablo Casado et la présidente de la région de Madrid.
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