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En Grèce, les migrants passent du camp de réfugiés à la rue

Depuis plusieurs mois, le gouvernement grec évacue les demandeurs d'asile des îles vers le continent afin de soulager les camps surpeuplés. Faute de place, ceux qui ont déjà obtenu leur statut de réfugiés sont priés de laisser leur logement à ceux qui arrivent. 

Article rédigé par franceinfo - Angélique Kourounis. Edité par Frederic Wittner
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le camp de réfugiés de Moria, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 21 juin 2020 (ARIS MESSINIS / AFP)

Ce déplacement risque de mettre à la rue des milliers de personnes. Les ONG et les institutions européennes s'inquiètent.

Hahmad Hamedi, traducteur en Aghanistan pour les ONG et en danger de mort à ce titre dans son pays, a reçu son statut de réfugié. Il doit donc maintenant quitter son logement, et son allocation de quelques centaines d'euros lui a été supprimée : "J’ai reçu ma notification de devoir quitter mon logement d’ici un mois. Or la chose la plus difficile est justement de trouver une maison. Les Grecs ne louent pas aux immigrés. Ils préfèrent louer à des ONG, ils savent qu’ils seront payés en temps et en heure. Cela fait maintenant deux mois que je suis à la recherche et je n’ai encore rien trouvé."

Le gouvernement grec justifie cette décision par la nécessité de s'intégrer dans la société grecque. La logique est simple : une fois le statut de refugié accordé, on doit pouvoir se débrouiller seul comme le font les Grecs dans leur quotidien. "Depuis plusieurs mois qu’ils ont obtenu le statut de réfugiés, la plupart de ces personnes sont au courant que cela implique qu'ils s'intègrent à la société et qu’ils quittent les structures d’accueil où ils ont habité, affirme Manos Logothetis, secrétaire d'État chargé de l'intégration. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin que tout cela s’effectue de la meilleure façon possible."

Les ONG inquiètes

Elles réagissent mal, non parce que l'approche est fausse : il faut en effet que ces réfugies s'intègrent dans la société grecque, mais parce que rien n'est prévu pour cela. Vassilis Papastergiou, conseiller juridique de l’ONG Arsis, qui s'occupe de reloger les réfugiés, explique : "La question que nous posons, c’est : est-ce que les réfugiés sont prêts à s’intégrer ? Par rapport à la connaissance de la langue grecque, la recherche d’un logement digne de ce nom et d’un travail, hélas la réponse est négative car tous toutes les procédures d’intégration pour eux sont quasi inexistantes."

Jusqu'à présent plus de 10 000 demandeurs d'asile on été évacués des îles vers le continent. Quelque 11 200 réfugiés, qui ont obtenu leur statut, risquent de se retrouver à la rue : le gouvernent grec a réduit le temps de prise en charge de six mois à un mois. Déjà on commence à voir sur les places publiques de la capitale plusieurs familles dormir à la rue.

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