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En Islande, des collégiens au chevet du Sólheimajökull, un glacier menacé de disparition à cause du réchauffement climatique

Tous les ans depuis 2010, une classe de cinquième d’une école voisine du géant de glace procède à des relevés pour suivre son évolution.

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Richard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une photo prise le 16 octobre 2015 du glacier islandais Solheimajökull. (THIBAULT CAMUS / POOL)

Chaque année depuis dix ans, des élèves d'une classe de cinquième en Islande se rendent près d'un glacier menacé de fonte en raison du réchauffement climatique, au sud de la petite île volcanique, le Solheimajökull. Ils effectuent des relevés pour suivre son évolution.  

"C’est vraiment très beau mais tellement triste"

Tout débute au pied d’un petit panneau blanc planté dans le sable noir, en contrebas, à quelques mètres du sentier qui mène au Sólheimajökull, un glacier au sud de l’Islande, très populaire auprès des touristes, long d’une dizaine de kilomètres et large de près de 2 000 mètres. Les élèves et un enseignant de l’école, aujourd’hui retraité, mesurent la distance qui sépare le panneau du glacier. L’idée est de suivre une ligne imaginaire aussi droite que possible jusqu’au front glaciaire à l’aide de deux drapeaux jaunes, un mètre déroulant et un appareil GPS. Une partie se déroule sur la terre ferme l’autre sur l’eau car devant le Sólheimajökull s’étend une lagune brunâtre formée par les eaux de fonte.

Lilja Einarsdóttir a 11 ans et approche le glacier pour la première fois : "C’est vraiment très beau mais tellement triste de voir à quel point le glacier a fondu. Quand (les premiers élèves ont) commencé ici, (ils) ne voyaient pas la moindre trace d’eau. C’est dire si le glacier était grand avant !"    

L’inexorable recul du glacier année après année

Tout est documenté sur cette petite pancarte intitulée Jöklamaelingar (mesures du glacier). Depuis neuf ans, les élèves notent à chaque fois le résultat à la peinture noire : cette année, c'est le chiffre 11 qu'ils inscrivent, signifiant que le glacier a reculé de 11 mètres, loin toutefois des 79 calculés en 2014 ou des 110 mètres record de l’année dernière. "Cela dépend plus ou moins du temps et de la façon dont le glacier se rompt. Parfois une grosse partie du glacier se détache, tombe dans l'eau et vous obtenez une très très grosse mesure", explique Jón Stefánsson, l'ancien enseignant à l’origine du projet.    

Au total, l'établissement scolaire a vu le front glaciaire se retirer de 380 mètres en presque dix ans. Ces mesures ne sont pas parfaites et font d’abord et surtout partie d’un programme plus global sur les questions environnementales et les changements climatiques au sein de l’établissement scolaire. Mais elles donnent une idée des changements en cours au Sólheimajökull.  

Les relevés confirment la tendance observée par les scientifiques  

En 2018, le Solheimajökull figurait en effet parmi les trois glaciers du pays à détenir le record de recul annuel, environ 200 mètres, selon les données de l'Association de recherche sur les glaciers d’Islande. Et il n’y a pas que celui-ci qui est concerné puisque les glaciers islandais ont perdu 250 km3 de glace depuis 25 ans, soit l'équivalent de 7% de leur volume total. Pas moins de 400 massifs glaciaires sont menacés de disparition en Islande, qui a d’ailleurs honoré cet été l’Okjökull, premier glacier de l'île volcanique disparu sous l'effet du réchauffement, déclassé par les glaciologues en 2014.

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