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En Israël, un film sur l'assassin de Yitzhak Rabin suscite succès et polémique

Il y a 24 ans, Yitzhak Rabin était assassiné par un extrémiste juif opposé au processus de paix. Un film consacré à son assassin, Ygal Amir, est sorti en octobre. Un succès dans les salles qui se transforme en polémique politique.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le film "Incitement" ("Les jours redoutables") à l'affiche d'un cinéma de Netanya, le 4 novembre 2019. (JACK GUEZ / AFP)

Le film s'appelle Yamim Noraim, Les jours redoutables et il a déjà enregistré 160 000 entrées en Israël. C'est beaucoup dans un pays de 8,5 millions d'habitants où, généralement, les films locaux ne font que quelques dizaines de milliers d'entrées. Un succès qui étonne d'autant plus que le film n'a bénéficié d'aucun financement public.

Yitzhak Rabin à travers les yeux de son assassin

La vie et la mort d'Yitzhak Rabin ont déjà fait l'objet de films ou de documentaires, mais jamais à travers les yeux de son assassin. Le film nous présente donc Ygal, le regard doux et le sourire mélancolique, né dans une famille modeste d'origine yéménite, rejeté par la famille de sa fiancée beaucoup plus bourgeoise, chauffé à blanc par une mère autoritaire et par des religieux extrémistes. Un Juif assassin d'un autre Juif peut-il être le personnage central d'un film ? Faut-il raconter ses frustrations et ses motivations au risque de basculer dans l'excuse ? Faut-il montrer au grand jour les fractures de la société israélienne entre laïcs et religieux ? Droite et gauche ? Partisans et adversaires du processus de paix ? Juifs originaires d'Europe de l'est et ceux d'Afrique du nord et du Moyen-Orient ? 24 ans après, c'est tout un pays qui reste traumatisé. "La démocratie libérale israélienne est morte avec Rabin", explique le journal de gauche Haaretz.

Un film qui se transforme en débat politique

Le mois dernier, le film a reçu l'équivalent israélien du César du meilleur film et il va concourir aux prochains Oscars, ce qui scandalise la ministre de la Culture. Elle n'a pas vu le film, mais surtout elle n'a pas supporté que le film rappelle la présence de Benyamin Netanyahou aux manifestations de haine anti-Rabin en 1995 avant son assassinat. Samedi dernier lors d'un grand hommage à Rabbin à Tel Aviv, le candidat centriste au poste de Premier ministre, Benny Gantz, a dénoncé cette "incitation qui pointe à nouveau sa tête hideuse, une arme dangereuse dans les mains de politiciens sans limite". Un message clair envoyé à Netanyahou qui a répondu sur Facebook : "Je n'ai jamais dit que Rabin était un traître, j'ai dit qu'il avait tort".

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