En Italie, une exposition de photos immortalise le quotidien pendant le confinement
L'exposition "Lockdown Italia", à Rome, regroupe 70 photos prises par une trentaine de photographes pendant et après le confinement.
La première exposition de photographies professionnelles sur la pandémie de coronavirus vient d'être inaugurée aux Musées du Capitole de Rome. L'Italie a été le premier pays occidental touché de plein fouet par cette pandémie, le premier également à prendre une décision absolument inédite : le confinement total de sa population. En italien, on dit "lockdown" car cette langue emprunte beaucoup de mots à l'anglais. Pourtant, "confinamento" existe, mais il n'a pas pris.
Le nom de cette exposition est donc "Lockdown Italia visto della stampa estera" (le confinement en Italie vu par la presse étrangère). C'est en effet l'association de la presse étrangère en Italie qui est à l'origine de cet événement. Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, a écrit la préface du catalogue de l'exposition. "Elle a la particularité d'être la première au monde sur cette pandémie, explique-t-il. Et c'est l'occasion de parcourir de nouveau ce que nous avons vécu et ce que nous avons fait. Le secret de l'Italie, c'est d'avoir réussi à devenir une communauté. Au moment où l'on a eu besoin les uns des autres, l'Italie s'est soudée ! Avec ces clichés vous illuminez une période sombre et dramatique de la vie italienne. C'est un beau témoignage !"
Un hommage à la résilience du peuple italien
Cette exposition est un hommage à l'Italie et son peuple qui a su être résistant et résilient. Elle rappelle que, lorsque l'Italie était le seul pays touché, ses voisins minimisaient la situation, disant que cela n'arriverait pas chez eux ... avant que tous empruntent le même chemin, avec quelques semaines de retard.
Les photos exposées racontent ce qu'a vécu le pays, du mois de mars au mois de juin. Une idée qui a germé dans l'esprit de la présidente de l'Association de la presse étrangère en Italie, Patricia Thomas. "Au début de l'été, un journaliste mexicain m'a envoyé sa photo du pape François sur la place Saint-Pierre vide, raconte-t-elle. Il m'a dit : 'C'est LA photo emblématique du confinement... Tu peux l'accrocher au mur de l'association ?' Je lui ai répondu 'Bien sûr', puis j'ai réfléchi. Était-ce vraiment la photo emblématique ? J'ai pensé à toutes les autres photos que j'avais vues pendant cette période, magnifiques, intenses, fortes, avec les cercueils, les camions de cercueils, les soins intensifs, beaucoup de photographies. Alors on a décidé de toutes les récupérer et de les exposer au siège de l'association."
Soignants épuisés, Rome vide et aérobic à la fenêtre
L'exposition regroupe un peu plus de 70 photographies prises par 30 photographes issus de dix pays différents. Dans la première salle, le spectateur commence par un choc : le début du cauchemar avec des photos des soins intensifs, les soignants en combinaison, masqués, des portraits de face, des médecins épuisés de dos. Il découvre ensuite Rome vide, sans un touriste, sans un Romain, la place Saint-Pierre et le pape seul qui boîte sous un ciel noir. Il y a aussi la douleur avec les enterrements sans les proches, il y a aussi ceux que l'on n'a pas pu enterrer et cette photo des camions militaires transportant les cercueils ailleurs, là où il y a de la place.
On respire ensuite un peu avec cette Italie résiliente qui fait de l'aérobic à la fenêtre, bronze sur sa terrasse, chante au balcon et agite son drapeau. Le spectateur se souvient aussi que tout ne s'est pas entièrement arrêté avec cette photo prise dans une rue de Rome devant un supermarché : cinq livreurs et leurs gros sacs jaunes. Un cliché marquant, à l'heure où les livreurs et les caissières sont devenus les travailleurs essentiels dans un monde à l'arrêt.
La sortie du confinement immortalisée
Mais l'exposition raconte aussi la sortie du confinement en Italie, comme sur ce cliché montrant un enfant en trottinette sur la place Navone. L'herbe a poussé entre les pavés et n'a pas encore été coupée. Sur d'autres photos, il y a les églises qui rouvrent et sont désinfectées. Le spectateur voit aussi ce qu'on a appelé "la nouvelle normalité". En Italie on porte le masque depuis le début, comme sur cette photo entre les pierres de Pompei, dans les Musées du Vatican, ou encore dans les maisons de retraite où l'on garde ses distances quand on salue son père.
On observe ensuite le retour au théâtre et au cinéma comme sur ce cliché pris à la Scala de Milan : une spectatrice dans une loge admirant un théâtre encore vide. Il y a aussi cette photo d'un premier espresso en terrasse, bu derrière une visière transparente. Et puis il y a Venise et cette photo de deux touristes au premier plan (sans doute les seuls) en gondole avec dans le ciel les Frecce Tricolori, la patrouille d'Italie et ses fumées vert blanc rouge, qui ont traversé le pays...
Une photographie particulièrement marquante montre un homme seul, un sac plastique à la main. Il est au second plan, tandis qu'au premier se trouve un panier avec un écriteau "Chi puo metta, chi non puo prenda" (qui peut donne, qui ne peut pas prend). Elle a été prise à Naples, ville généreuse qui ne laisse pas tomber les plus fragiles. C'est là que des artistes de rues ont organisé ce système de panier solidaire.
Après Rome, l'exposition devrait ensuite partir à Milan. La ville de Bergame a également été évoquée mais elle est pour l'instant trop éprouvée par ce qu'elle a vécu.
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