En Italie, le Mouvement 5 étoiles en mode séduction avant les élections : "Il nous reste Luigi Di Maio pour changer le pays !"
Les Italiens votent dimanche pour élire leurs députés. La coalition des droites menée par Silvio Berlusconi est donnée favorite de ces élections législatives. Mais de peu. Le Mouvement 5 étoiles, incarné par Luigi Di Maio, 31 ans, espère tirer son épingle du jeu.
Luigi Di Maio représente le visage sage du Mouvement 5 étoiles, une formation antisystème entrée au Parlement il y a cinq ans seulement. Première force politique du pays depuis les élections de 2013, la formation est totalement atypique, ni de droite ni de gauche. Son candidat est particulièrement jeune, 31 ans seulement. Luigi Di Maio a toujours les cheveux gominés impeccables et un costume bien repassé.
Il est originaire de la région de Naples où il a démarré sans les terminer des études de droit puis cumulé des petits boulots. Ce Sud de l’Italie a subi la crise de plein fouet. C'est dans cette région que les 5 étoiles devraient faire leurs meilleurs scores, en particulier chez les jeunes, comme Anna. "Moi, j’ai fini par lâcher mon travail. Je travaillais 10 heures par jour pour gagner 500 euros par mois. Cela ne valait pas la peine", raconte la jeune femme. Daniele vit les mêmes difficultés. "Dans ce pays, quand on travaille légalement, on n’est pas aidés, surtout au Sud, c’est-à-dire qu’on n’a vu aucun changement au cours des dernières années. Il nous reste Luigi Di Maio pour changer l’Italie", lance-t-il.
Un discours qui s'est arrondi sur l'Europe
Le candidat du Mouvement 5 étoiles ne s’est pas limité à sillonner l’Italie profonde, il a aussi approché les chancelleries et les entreprises pour rassurer l’Europe et les investisseurs. Il a ainsi, au fil de la campagne électorale, modéré son discours sur l’Europe. Plus question aux dernières nouvelles d’en sortir. "Dans le paysage actuel, l’Europe existe en dehors de l’axe franco-allemand, jusqu’ici intouchable, estime Luigi Di Maio. Il y a de la place pour l’Italie, qui peut peser davantage dans les discussions. Je pense donc que ce n’est plus le moment de sortir de l’euro, c’est le moment d’aller négocier en tant que premier pays exportateur en Europe, dit-il. L’Italie, qui donne 20 milliards d’euros au budget européen chaque année, doit commencer à se faire entendre."
Un positionnement "hybride et inclassable"
Économiquement, le Mouvement propose une dose de libéralisme et une louche de protectionnisme. Pas d’idéologie dominante. "Le Mouvement 5 étoiles, dans le panorama des populismes européens, est un produit hybride et inclassable", estime Marc Lazar, politologue, expert de l’Italie. Selon lui, la formation antisystème "combine d’une part des propositions de gauche, par exemple, sur le revenu de citoyenneté qu’il propose, sur les questions de l’écologie, sur les questions de l’environnement, et des positions quasiment de droite, notamment sur les questions d’immigration et d’ordre."
Le problème auquel risque d'être confronté le Mouvement 5 étoiles : le système électoral proportionnel en Italie qui favorise les coalitions. La formation refuse de s’allier à qui que ce soit. Mais là aussi, le discours bouge un peu en fin de campagne. Luigi Di Maio évoque des convergences possibles. Les 5 étoiles sont crédités de 25 à 30% des voix.
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