En Nouvelle-Zélande une plage privée est rachetée par l'Etat grâce au financement participatif
C’est à Noël dernier que l’histoire commence, lors d’un de ces repas de famille qui donnent lieu à d’interminables débats politiques. Duane Major, un pasteur néo-zélandais, discute avec son beau-frère de la plage d’Awaroa, qui est à vendre.C’est "un petit coin de paradis " selon les agents immobiliers, qui veulent en faire un complexe hôtelier de luxe. La plage est idéalement située au cœur du parc national Abel Tasman, dans le nord de l’île du sud. Le terrain comprend non seulement cette plage de sable blanc, mais aussi sept hectares de forêt et trois maisonnettes. Le pasteur Duane Major a passé de nombreux étés à se baigner dans ces eaux turquoise quand il était plus jeune et il tient à ce que les enfants néo-zélandais puissent continuer à en profiter. Son plan : acquérir la plage pour la rendre publique. Petit problème : il faut débourser plus de deux millions de dollars néo-zélandais, l’équivalent d’un million et demi d’euros. Pour réunir cette somme, il décide de lancer une campagne de financement participatif sur Internet et il met lui-même 1.000 dollars dans la cagnotte.
Emballement médiatique
Les dons affluent et finalement, quelques semaines plus tard, il réussit son pari fou : 40.000 personnes promettent de donner en tout 2.300.000 dollars et le propriétaire leur cède le terrain.
"C’est une victoire pour le peuple et pour la préservation de l'environnemen t", se félicite la ministre adjointe à la Conservation. Depuis le mois dernier, la plage fait officiellement partie du parc national. Elle bénéficie donc de la protection des autorités et elle est accessible à tous. Pour Duane Major, il faut tirer une leçon de cette victoire : les Néo-Zélandais veulent préserver ces sites exceptionnels à tout prix. Ils veulent aussi, dit-il, s’assurer qu’ils ne tombent pas dans les mains d’étrangers. Dans son appel aux dons, il avait d’ailleurs écrit en majuscule que des ÉTRANGERS étaient sur les rangs pour racheter la plage.
Un exemple aussi valable en Australie
Alors là, il ne s’agit pas d’une plage, mais de terres agricoles, les terres du roi du bétail australien, Sydney Kidman. Ce sont des ranchs immenses, qui représentent 1,3% de la superficie totale du pays. Et la vente comprend 200.000 têtes de bétail. Des investisseurs chinois ont déposé des offres, à deux reprises. Mais à chaque fois, les autorités ont empêché la vente. "J’aime l’idée que les Australiens possèdent les richesses australiennes" , affirme le ministre de l’Agriculture.
Une petite plateforme d’investissement, DomaCom, se prend donc à rêver : elle a lancé une campagne de financement participatif. Elle appelle les petits investisseurs australiens à se mobiliser pour faire une offre à 410 millions de dollars. Et contrairement à la plage néo-zélandaise, les participants peuvent espérer en tirer de l’argent. DomaCom leur promet des bénéfices. La campagne est en cours, et pour le moment, elle ne remporte pas le succès escompté. Mais DomaCom a encore plusieurs mois pour réunir.
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